On apprend à travailler de la tête comme des mains ; mais, au moral comme au physique, l'éducation qui développe tout ne crée rien.
Dans un pays où tout le monde serait vertueux, l'honneur ne serait qu'une exaltation ridicule.
La modération apprend à ménager les plaisirs présents au profit de l'avenir.
L'homme s'ennuie du bien, cherche le mieux, trouve le mal et s'y soumet, crainte du pire.
Souvent l'esprit de système rend les sens complices de l'imagination ; n'adoptez donc qu'avec la plus grande circonspection les expériences faites dans la vue de justifier une théorie.
L'exagération, celle malavisée, auxiliaire de ses ennemis, ennemie de ses amis, incessamment abaisse ce qu'elle veut élever, élève ce qu'elle prétend diminuer, ôte toute créance à la vérité, et s'ôte elle-même tout crédit.
Vous qui gouvernez les états, exercez votre générosité envers ceux dont vous n'aurez jamais entendu dire que du bien ; ils sont dignes de vos faveurs, mais ne leur confiez point de places importantes. L'envie signale le mérite supérieur, et n'épargne que la médiocrité.
Les décorations extérieures et les titres ont ce grand avantage pour la société, qu'en obligeant à la bienséance ceux qui en sont revêtus, ils diminuent le nombre des mauvais exemples.
La seule garantie d'une longue paix entre deux États est l'impuissance réciproque de se nuire.
Il est assez facile de trouver une maîtresse, et bien aisé de conserver un ami ; ce qui est difficile, c'est de trouver un ami et de conserver une maîtresse.
La vie se passe à promettre sans tenir, et à tenir sans promettre.
Lorsque l'on est réduit à ne pouvoir justifier ses amis, il faut encore les défendre.
La force de l'expression est en raison de l'énergie de la pensée.
Rarement ce que l'on n'entend pas sans peine vaut-il la peine d'être entendu.
Dans la prospérité, la fierté rend affable et contraste avec l'insolence de la bassesse parvenue.
Dans l'infortune, la fierté soutient le courage et donne de la dignité.
Le passé est soldé, le présent vous échappe, songez à l'avenir.
La politique moderne a mis à découvert un vice de plus caché au fond du cœur humain, c'est le manque de foi si commun dans les amitiés de parti.
Bientôt il faudra mourir. Alors, si vous êtes heureux, quel regret de quitter la vie ! Et pourquoi ne pas chercher à prolonger votre bonheur au-delà du trépas ? Êtes-vous malheureux ; que n'essayez-vous de prendre votre revanche ? Dans les deux cas, adressez-vous à la religion.
Si les hommes étaient sages, ils donneraient à la religion et à la médecine la plus grande partie du temps que ne réclament pas les devoirs de leur état.
On n'est pas d'accord sur le moment de la journée où l'esprit est le plus disposé au travail. Les uns prétendent que c'est le matin, d'autres soutiennent que c'est le soir. Le fait est que chacun a raison pour soi, sans pouvoir juger pour les autres, puisque tout dépend de l'action plus ou moins prompte des organes de la nutrition. Le cerveau ne saurait agir avec toute son énergie que dans cet état de liberté qui suit le travail de l'assimilation, et qui précède le besoin.
La plupart des auteurs, en cherchant à rendre leurs ouvrages piquants, ne réussissent pas mieux que ces médecins qui ordonnent l'opium comme stimulant, et qui souvent endorment leurs malades.
Entendre le soir de la bonne musique, c'est accorder un juste dédommagement aux oreilles pour tout ce qu'elles ont à souffrir pendant la journée.
En administration, toutes les sottises sont mères.
La critique est un impôt que l'envie perçoit sur le mérite.
La femme n'a de force que dans le cœur, l'homme en a dans le cœur et dans la tête.
Quand la flatterie ne réussit pas, ce n'est pas sa faute, c'est celle du flatteur.
Si l'amour-propre, égaré par la flatterie, fait commettre bien des fautes, souvent aussi il retient par la crainte de la honte, et devient la sauvegarde de l'honnêteté.
On confond trop souvent l'orgueil de la naissance avec l'esprit de corps général parmi la noblesse dans tous les pays où cette institution subsiste. Si le premier de ces sentiments est ridicule et quelquefois odieux, le second est trop utile à l'état pour ne pas être encouragé : en effet, il assure l'observation des bienséances, détruit l'égoïsme, donne la force de faire des sacrifices, exige la bravoure et commande la générosité.
L'indulgence et la générosité sont des plaisirs de prince.
La vertu est le triomphe de la générosité sur l'intérêt.
La délicatesse est la fleur de la vertu.
Les succès couvrent les fautes, les revers les rappellent.
Noblesse oblige.
Si les peines détruisent le bonheur, les plaisirs le dérangent.
L'économie est fille de l'ordre et de l'assiduité.
Sans la bassesse, le ridicule ferait justice des insolents.
La finesse n'a guère plus de peine à tromper l'esprit qu'à duper la bêtise.
Envie, médisance, susceptibilité ; ces vices et ces défauts sont le partage de la médiocrité, de la bêtise.
Persévérance vaut mieux qu'adresse.
Le doute est une mer agitée dont la religion est l'unique port.
Le génie recule les limites du possible.
La plainte console des maux que la paresse entretient.
Le génie crée, l'esprit arrange.
La résignation est au courage ce que le fer est à l'acier.
L'amitié double l'existence ; la paternité et l'amour de la gloire la prolongent.
L'on peut aimer plus d'une fois, mais non pas la même personne.
L'infidélité irrite l'amour, mais n'en guérit point.
Il y a autant d'égoïsme dans l'esprit des femmes, que de dévouement dans leur cœur.
L'ingratitude ne décourage pas la bienfaisance, mais elle sert de prétexte à l'égoïsme.
Pouvoir jouir vaut mieux que jouir.
La loi doit être la justice écrite, comme le gouvernement est la force concentrée.
La philosophie est la raison du juste.
L'activité est aussi nécessaire au bonheur que l'agitation lui est contraire.
Rien n'assure mieux le repos du cœur que le travail de l'esprit.
Combien de désirs sont décorés du nom de volontés.
L'imagination peint, l'esprit compare, le goût choisit, le talent exécute.
Si vous voulez fixer l'attention de l'homme le plus distrait ; s'il est jeune, parlez-lui de sa copine, de sa maîtresse ou de ses sorties ; s'il commence à vieillir, parlez-lui de sa santé.
La plus commune des inconséquences est de ne pas vouloir les moyens de ce que l'on veut.
La vertu triomphe de la générosité sur l'intérêt.
Le temps use l'erreur et polit la vérité.
De tous les sentiments, le plus difficile à feindre c'est la fierté.
En Europe, les femmes valent mieux que les mœurs ; en Orient, c'est tout le contraire.