Pierre Reverdy (2)

Les citations célèbres de Pierre Reverdy :

Le caractère évident de la poésie est d'être toujours semblable et de ne se répéter jamais.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La foi, c'est un cran d'arrêt dans la course à la vérité. Une chose est être avide de foi, une autre être avide de vérité. Je voudrais bien pouvoir croire, disent les uns. Et, s'ils y parviennent, leur crise est terminée. Mais les autres n'en ont jamais fini de chercher et d'attendre dans le tourment.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Le pire imbécile dit à tout moment de tel ou tel autre : il est ou il n'est pas intelligent, comme le plus malhonnête homme du monde dira d'un autre : c'est un voleur, qui lui aura dérobé la moindre des choses. Suprême hommage de la bêtise et de la malhonnêteté à la probité et à l'intelligence.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La morale c'est un bat-flanc de l'esprit pour nous apprendre à ne pas trop ruer dans les brancards.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La démocratie c'est le droit qu'a conquis le peuple de se laisser toujours diriger vers la gauche.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La solitude n'est jamais si absolue qu'on n'ait pas autour de soi quelques êtres concrets capables de nous fournir d'exemples où appuyer notre jugement sur les hommes. Il faut être un philosophe aveuglé par un système pour les négliger. La solitude, c'est, au contraire, une espèce de champ d'observation restreint, la vitre du laboratoire.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La critique vous trouvera toujours impertinent du moment que vous la critiquez.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Le cœur n'est jamais si bien en équilibre que sur un tranchant d'acier.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La caresse est le produit d'un long polissage de la bestialité.

Pierre Reverdy - En vrac (1929)

L'évidence paralyse la démonstration.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

Être obligé de ménager les gens, quelle école supérieure d'intelligence !

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Il y a des gens qui n'auront jamais connu la misère que de vue.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Dès qu'on veut monnayer la gloire, on la rapproche du mépris.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Il faudrait prendre la vie comme on se met à table, avec le simple propos d'arriver à la fin ayant perdu toute envie de vivre, comme de manger.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Au premier obstacle sérieux, qui nous oblige à aller au fond de l'âme et de l'être, nous nous apercevons que l'union parfaite et totale entre les hommes est impossible.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Les gens ne vous traitent jamais bien selon ce que vous êtes, mais toujours selon ce qu'ils sont.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

En général ceux qui aiment vivre au milieu de beaucoup de monde sont ceux qui savent s'y mouvoir sans plus de gêne ou de sacrifices que s'ils étaient seuls.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La vie d'un solitaire se passe naturellement, pour une grande part, en lectures. L'on ne peut donc s'étonner de retrouver beaucoup d'échos de ces lectures dans ce que ce solitaire écrit. Mais lui, ce qu'il regrette, c'est de ne point retrouver du tout, dans tout ce qu'il a dit, les seules choses qu'il eût précisément voulu dire et qui eussent tenu en si peu de mots. Il se proposait un retour, il n'a su faire que d'involontaires détours.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Quand, à force d'être bousculé, heurté, blessé, on en arrive à trouver le monde insupportable et à détester son prochain, on s'aperçoit qu'on ne peut surtout plus se supporter soi-même et qu'on se hait, que le plus grand mal nous vient toujours de nous-mêmes.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

On serait étonné d'apprendre que les meilleures œuvres de tel auteur sont celles qui lui ont coûté précisément le moins d'effort, et donné le plus de plaisir. Mais il ne faut pas encourager le vice, la paresse et le goût de la facilité.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

De sensations en sensations, nous sautons l'abîme, et puis il n'en reste rien que l'abîme. Les sensations sont le combustible du néant. Inutile de les noter, de les embaumer. Elles ne ressuscitent, avec leur sève et leur parfum, que lorsqu'elles ressurgissent on ne sait plus d'où, quand on les avait oubliées, qu'elles sont retordues, transformées, adaptées au moment précis où elles doivent être libérées. Non plus pour être exprimées elles-mêmes, mais pour exprimer.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La meilleure façon de se trouver, c'est de se fuir. Se suivre en avant.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

On ne se connaît pas, on se déchiffre et on se découvre, au jour le jour et au gré des événements. On se fait vaguement confiance bien plus qu'on ne compte réellement sur soi. La preuve en est dans certaines attitudes que nous avons eues dans le passé et où nous ne nous reconnaissons pas du tout.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Un beau passé, ça se paie recta dans le présent, et même quelquefois par avances sur l'avenir. C'est pourquoi il n'y en a pour ainsi dire pas.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Il est plus commun d'être dur pour les autres que de l'être pour soi. Mais être dur pour soi sans l'être pour les autres c'est presque inouï, car, si l'on est dur par nature, comment amortir le choc dans le contact avec ceux qui ne le sont pas ?

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La parole a été donnée à l'homme pour dissimuler sa pensée.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Tel parle bien plus aisément et avec beaucoup plus de souplesse qu'il n'écrit. Tel autre qui parle peu est d'autant plus capable d'écrire abondamment. Mais surtout il y a ce pouvoir magique de séduction dans la façon de mettre les choses les plus insignifiantes en avant, de les rendre infiniment plus intéressantes qu'elles ne sont, et qui ne tient absolument qu'au ton que l'auteur sait prendre pour les dire, alors que, plus souvent qu'on ne pourrait croire, il les a pensées et senties tout autrement.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Aimer, c'est s'unir ; détester, c'est se séparer.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

Rien ne paraît plus normal que la réussite, elle est plutôt rare pourtant, mais on l'accepte vite comme étant une chose due. Elle gâte, ce qui ne veut pas dire qu'elle rende tout le monde gâteux. On l'a d'abord longtemps caressée en rêve, mais on oublie vite qu'on a rêvé. Tandis que l'échec, la déception, on a un mal infini à s'y faire, à les admettre légitimes. On a tout le temps de les approfondir, de les savourer.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

On voit des gens qui ne se défont pas facilement de leurs mirages traîner toute leur vie des idées fausses qu'ils n'ont pas su répudier à temps et qui empêtrent leur esprit alors même qu'elles leur sont devenues tout à fait étrangères, comme il arrive dans les vieux ménages indissolubles et d'autant plus désaccordés.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Lutter, ce n'est pas passer son temps à se justifier, comme font quelques écrivains que la moindre critique blesse. Lutter c'est, puisque l'on attaque, recevoir soi-même les coups les plus durs sans broncher, c'est, sans être agressif, risquer de blesser sans autre intention que de s'affirmer contre tout ce qui empêche de passer ; c'est, quand on est, et pour se prouver que l'on est, le plus fort, vaincre l'indifférence ou l'hostilité. Et même, dans les cas les plus relevés, se vaincre soi-même et se supplanter.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Les idées se présentent toujours comme de profil et du plus beau côté, le plus aigu pour se faire admettre plus vite. Puis, elles tournent ou on les tourne et on les aperçoit sous un angle beaucoup moins engageant. Il est temps de les abandonner avant de se laisser enliser davantage, tout de suite, sans trop les caresser.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Dans la direction du cœur, le chemin doit toujours faire un détour par la pensée.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Il y a les auteurs qui écrivent avec de la lumière, d'autres avec du sang, avec de la lave, avec du feu, avec de la terre, avec de la boue, avec de la poudre de diamant et enfin ceux qui écrivent avec de l'encre, les malheureux, avec de l'encre tout simplement.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La femme admire toujours la bonté dans l'homme, mais elle méprise vite la gentillesse dès qu'elle n'aime plus. Elle sent bien que c'est de force et de faiblesse qu'il s'agit.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Si tu veux sûrement quitter le monde, décide-toi d'abord à en perdre l'esprit.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

L'orgueil a des plaies profondes qui s'apaisent sous un somptueux et riche pansement.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

Au moment de parler, d'écrire, d'agir, nous dire à nous-mêmes qu'il n'est plus temps de jouer — surtout de dire ou de faire des bêtises — de troubler cette entreprise si sérieuse à laquelle la sagesse immanente nous a mêlés.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Rien ne compte ou n'a compté qui n'ait été peu imité et qui ne peut pas être refait.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

On n'ambitionne d'imiter que ce qui est inimitable.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Loyalement, on ne devrait jamais se livrer à plus de marques d'amitié que l'on n'en peut fournir dans les faits.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Dans le calme du soir, les poissons sautent hors de l'eau. Ils plongent dans l'air. Ils se baignent.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La misère est une espèce de reflet sinistre de l'enfer. Mais la pauvreté nous accable du poids de l'esclavage. Sans ces chaînes la pauvreté ne serait pas la souffrance et elle perdrait peut-être tout mérite.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

La plus grave imperfection de ce monde, c'est la nécessité de notre disparition, c'est la mort. Il faut bien qu'elle nous conduise dans un autre que nous connaîtrons derrière elle et ne quitterons pas.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

On confond souvent la force avec la dureté. Il est vrai que la tendresse n'est, la plupart du temps, qu'une faiblesse mal dissimulée, mais la dureté n'est, aussi souvent, qu'une faiblesse qui se dissimule mieux. Elle imite la violence et la force d'un autre qui l'aura conseillée. Mais celui-ci appuyait peut-être sa force et sa violence sur une dureté réelle qui lui interdisait tout sentiment de pitié.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Par le confort on satisfait surtout le bien-être du corps, par le luxe une ambitieuse exigence de l'esprit. La commodité de la vie matérielle libère, alors que la préoccupation, inévitable, du luxe asservit. Et ce n'est pas la rude nudité de la cellule qui importe mais l'état d'âme de celui qui y vit.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Le vrai hypocrite est celui qui sait agir de franchise absolue avec lui-même.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

Qui commet des hypocrisies sans s'en rendre compte n'est pas un hypocrite, c'est un naïf.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

Le grand, le vrai, le profond hypocrite est celui qui a su cacher à tous qu'il l'est.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

On peut croire en Dieu sans l'aimer, l'amour n'est pas le fort de tout le monde.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La fausse modestie est détestable.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

On préfère quelqu'un qui nous apprécie en nous détestant à qui nous aime en nous méconnaissant.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

La suprême consolation de ses misères, contempler un horizon plus clair.

Pierre Reverdy - Cette émotion appelée poésie (1950)

Il n'y a pas d'amour sans souffrance.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

On entre dans le rêve pour fuir la réalité ; on entre dans la contemplation pour atteindre la réalité suprême.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

L'apparence d'orgueil est dans ce que l'amour-propre ou la dignité obligent à faire croire ou à laisser croire qu'on est, que l'on sait très bien qu'on est pas.

Pierre Reverdy - Le livre de mon bord (1948)

Le rêve est un tunnel qui passe sous la réalité.

Pierre Reverdy - Le gant de crin (1927)

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