Qui ôterait la médisance du monde en ôterait une grande partie des péchés.
Un saint triste est un triste saint.
Rien ne doit plus nous humilier devant Dieu que la multitude de ses bienfaits, et la multitude de nos fautes.
Plaignons-nous le moins que nous pourrons des torts qui nous sont faits ; c'est chose certaine que, pour l'ordinaire, qui se plaint, pèche parce que l'amour-propre nous fait toujours ressentir les injures plut grandes qu'elles ne sont.
Entre les exercices des vertus, nous devons préférer le plus conforme à notre devoir, et non pas le plus conforme à notre goût.
S'abstenir du mal est autre chose que faire du bien, quoique cette abstinence soit une espèce de bien ; c'est comme le plan de l'édifice.
C'est en baisant amoureusement le pied de la justice de Dieu que le pécheur arrive assurément entre les bras de sa miséricorde ; et il faut tenir pour certain, que ceux qui espèrent en sa bonté, ne sont point confondus.
À qui regarde l'éternité, ce qui est sujet au temps est peu de chose.
La plus longue vie n'est pas la meilleure, mais celle qui est la plus occupée au service de Dieu.
L'humilité repousse le démon, et conserve en nous les grâces du Saint-Esprit ; c'est pourquoi tous les Saints ont toujours honoré et chéri cette vertu plus qu'aucune autre des vertus morales.
Il ne suffit pas d'être malade, parce que Dieu le veut ; mais il le faut être comme il le veut, quand il le veut, autant de temps qu'il le veut, et en la manière qu'il le veut.
Il y a beaucoup de personnes qui se trompent grandement, en ce qu'ils croient que ceux qui font profession de la perfection, ne doivent point tomber en des imperfections, et particulièrement les personnes religieuses ; car les religions ne sont pas faites pour réunir des personnes parfaites, mais des personnes qui aient le courage de prétendre à la perfection.
Il arrive souvent que nos passions dorment et demeurent assoupies ; et si pendant ce temps-là nous ne faisons provision de force pour les combattre et pour leur résister, quand elles viendront à se réveiller, nous serons vaincus au combat.
L'obéissance est une vertu si excellente, que notre Seigneur a voulu se conduire tout le cours de sa vie par l'obéissance.
La modestie est extrêmement recommandable, d'abord, parce qu'elle nous assujettit beaucoup, et en cela consiste son prix ; car tout ce qui nous assujettit pour Dieu, est d'un grand mérite ; parce qu'elle ne nous assujettit pas seulement pour un temps, mais toujours et en tout lieu.
Le support des imperfections du prochain est un des principaux points de l'amour que nous lui devons.
Les sacrements sont des canaux par lesquels Dieu descend à nous, comme par l'oraison nous montons à lui. Les effets des sacrements sont différents, quoiqu'ils n'aient tous qu'une même fin qui est de nous unir à Dieu.
Il ne faut point regarder qui est-ce qui nous annonce la parole de Dieu ; il nous doit suffire que Dieu se sert de ce prédicateur pour nous l'annoncer ; et puisque nous voyons que Dieu l'honore tant que de parler par sa bouche, comment pourrions-nous manquer de le respecter et de l'honorer ?
Soyons bien véritables, simples et charitables en confession, c'est-à-dire accusons bien clairement nos fautes sans fard et sans artifice, faisant attention que c'est à Dieu que nous parlons, à qui rien ne peut être caché, et ne mêlant nullement le prochain en notre confession.
Il y a bien de la différence entre avoir la cessation d'un vice, et avoir la vertu qui lui est contraire. Plusieurs semblent être très vertueux, qui n'ont pourtant point de vertus, parce qu'ils ne l'ont point acquise en travaillant.
Nous voudrions bien être invariables en nos résolutions, et nous ne voudrions pas qu'il nous en coûtât tant de peine pour les mettre en pratique ; mais cela ne se peut en cette vie, où nous aurons toujours à travailler.
Il n'y a rien qui purifie notre entendement de ses ignorances, et notre volonté de ses affections dépravées, comme la prière et surtout la prière mentale.
Le péché n'est honteux que quand nous le commettons, mais étant converti en confession et pénitence, il est honorable et salutaire.
Pour mener une vie dévote il faut d'abord se purifier du péché, et le moyen de le faire, c'est le sacrement de pénitence.
L'amour de Dieu et la dévotion ne sont pas plus différentes l'une de l'autre que la flamme l'est du feu, d'autant que la charité étant un feu spirituel, quand elle est fort enflammée, elle s'appelle dévotion.
La médisance est une espèce de meurtre car nous avons trois vies : La vie spirituelle, qui consiste dans la grâce de Dieu ; la vie corporelle, qui consiste dans l'union de l'âme avec le corps ; et la vie civile qui consiste dans une bonne réputation. Le péché nous ôte la première, la mort nous ôte la seconde, et la médisance nous ôte la troisième.
Le jugement téméraire produit le mépris du prochain, l'orgueil et la complaisance de soi-même, et cent autres effets pernicieux entre lesquels la médisance tient des premiers rangs comme la vraie peste des conversations.
Il est nécessaire pour n'être pas jugé de ne point juger les autres, et de se juger soi-même.
Gardons-nous soigneusement de proférer aucune parole déshonnête, car comme le poison du corps entre par la bouche, ainsi celui du cœur entre par l'oreille, et la langue qui le produit est meurtrière.
Les mauvaises conversations sont celles qui se font pour quelque mauvaise intention, ou entre personnes vicieuses et dissolues, et il faut éviter soigneusement toutes sortes de conversations.
Une sobriété continuelle et modérée est meilleure que les abstinences violentes faites à diverses reprises, et entremêlées de grands relâchements.
Il est bon de mortifier la chair pour nous guérir de nos vices, mais il est surtout nécessaire de purifier nos cœurs et nos affections.
Il fait bon de s'aimer sur la terre comme l'on s'aime au ciel, et apprendre à nous entre-chérir en ce monde comme nous le ferons éternellement en l'autre monde.
N'ayons point honte d'être pauvres ni de demander l'aumône par charité. Recevons celle qui nous sera donnée avec humilité, et acceptons le refus avec douceur.
Aimons les pauvres et la pauvreté, car par cet amour nous deviendrons vraiment pauvres, puisque, comme le dit la sainte Écriture, nous sommes faits comme les choses que nous aimons.
Il ne faut jamais prendre aucun plaisir défendu, et il faut se priver, autant qu'il est possible, des plaisirs inutiles, quoique permis.
La tristesse est comme un dur hiver qui fauche toute la beauté de la nature, et engourdit tous les êtres, car elle ôte toute suavité de l'âme, et la rend presque percluse et impuissante en toutes ses facultés.
La parole montre l'homme ; la langue a sa racine au cœur. Voulez-vous connaître si un homme a le jugement sain et la volonté bonne, prenez garde à ses discours, étudiez ses paroles, et, quelque caché qu'il soit, vous reconnaitrez ce qu'il est.
Le secret d'arriver à l'amour de Dieu et du prochain, c'est d'aimer ; car comme on apprend à étudier en étudiant, ainsi apprend-on à aimer Dieu et le prochain, en l'aimant ; et ceux qui prennent une autre méthode se trompent.
Quiconque n'est point en la charité, est dans la mort ; et toutes les œuvres, quelque bonté apparente qu'elles aient, sont des œuvres mortes, et nul prix pour l'éternité.
Bienheureux sont les obéissants, car Dieu ne permettra jamais qu'ils s'égarent.
Quand nous chantons les louanges de Dieu, il faut considérer que nous faisons le même office que les anges, quoiqu'en divers langages, et que nous sommes devant le même Dieu, en présence duquel les anges tremblent.
Les humilités que l'on voit le moins sont les plus fines.
Il ne faut qu'une saignée faite à propos pour redonner la vie, et qu'une répréhension faite aussi à propos pour sauver une âme de la mort éternelle.
Il n'est pas en notre pouvoir de n'avoir point de passion, et Dieu veut que nous les ressentions jusqu'à la mort pour notre plus grand mérite. Le péché consiste dans les actes que nous en faisons par un mouvement de notre volonté.
L'amour ne nous trouvant pas égaux, il nous égale ; ne nous trouvant pas unis, il nous unit.
Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit.
Estimons beaucoup et faisons grand état de ce qui nous est dit en confession ; car nous ne saurions croire le grand profit que retirent de ce sacrement les âmes qui y viennent avec l'humilité requise.
La modestie est une vertu qui règle notre maintien extérieur ; et elle a deux vices opposés, à savoir : la légèreté dans les gestes et contenances, et l'affectation ou contenance affectée.
Ne faisons rien par humeur, même les actions qui seraient les plus saintes, mais faisons-les pour plaire à Dieu.
Celui qui peut exercer la douceur parmi ses douleurs, la générosité parmi les mauvais traitements, et la paix entre les tracas, est presque parfait. La douceur, la suavité de cœur et l'égalité d'humeur sont vertus plus rares que la chasteté.
La volonté nous porte souvent à des dévotions relevées et pleines d'éclat, et nous craignons le mépris. La vertu solide se contente de Dieu.
Toute dévotion est fausse qui est incompatible avec notre état.
La douceur et l'humilité sont la base de la vraie piété.
En quoi voulons-nous témoigner notre amour à celui qui a tant souffert pour nous, si ce n'est entre les contrariétés, les répugnances et les aversions ? Hé ! mettons notre tête à travers les épines des difficultés ; laissons transpercer notre cœur de la lance de contradiction ; mangeons l'absinthe, buvons le fiel, et avalons le vinaigre des amertumes temporelles, puisque c'est notre doux Sauveur qui le veut.
Tout ce qui n'est pas pour l'éternité n'est que vanité.
Les marques d'amitié que nous donnons contre notre propre inclination aux personnes pour lesquelles nous sentons de l'aversion, sont meilleures et plus agréables à Dieu, que celles que nous donnons, poussées par une affection sensible.
Pour témoigner notre amour au prochain, il est nécessaire de lui procurer tout le bien que nous pourrons, tant pour l'âme que pour le corps, priant pour lui, et le servant cordialement aux occasions.
Il faut toujours interpréter en la meilleure part qu'il se peut ce que nous voyons faire au prochain. Dans les choses douteuses, nous devons nous persuader que ce que nous avons aperçu n'est point mal ; dans les choses évidemment mauvaises, nous devons en avoir compassion, et nous humilier de ses fautes comme des nôtres propres.
L'amour-propre ne meurt jamais qu'avec notre corps.
C'est une bonne pratique d'humilité de ne regarder les actions d'autrui que pour y remarquer les vertus, et non jamais les imperfections : car tandis que nous n'en avons point la charge, il ne faut pas tourner nos yeux de ce côté-là, encore moins notre attention.
Nous nous devons à Dieu, à la patrie, aux parents, aux amis. À Dieu premièrement, puis à la patrie ; mais premièrement à la céleste, secondement à la terrestre ; après cela à nos proches, mais nul ne nous est si proche que nous-mêmes ; enfin à nos amis, mais nous sommes le premier de tous.
Il n'en est pas des soins spirituels comme des corporels : En ceux-ci les épines durent et les roses passent ; en ceux-là les épines passeront, et les roses dureront.
Dieu ne se plaît que dans les cœurs approfondis par l'humilité, et élargis par la charité.
Le désir qui précède la jouissance, aiguise et affine le ressentiment d'icelle.
Penser savoir ce qu'on ne sait pas, c'est une sottise expresse.
La vraie amitié requiert la communication du bien et non pas du mal.
Nous devons toujours nous défier de nous-même, marcher avec une sainte crainte, demander continuellement le secours du ciel. Les ennemis de notre âme peuvent être repoussés, mais non pas tués ; ils nous laissent quelquefois en paix, mais c'est pour nous faire une plus forte guerre.
Le temps mal employé dans la prière est un temps dérobé à Dieu.
Le zèle, pour être bon, ne doit être ni amer, ni inquiet, ni trop pointilleux, mais au contraire il doit être doux, bénin, gracieux et paisible.
Ne regardons jamais nos croix qu'à travers la croix de notre divin Sauveur, et nous les trouverons si douces, ou du moins si agréables, que nous en aimerons plus la souffrance que la jouissance de toutes les consolations du monde.
L'âme de notre prochain est l'arbre du bien et du mal ; il est défendu d'y toucher pour en juger, sous peine d'être châtié, parce que Dieu s'en est réservé le jugement.
Le monde est aveugle ; mettons-nous peu en peine de ce que le monde pense ; méprisons son estime et son mépris, et laissons-le dire ce qu'il voudra, en bien ou en mal.
Tout passe. Après le peu de jours de cette vie mortelle qui nous restent, viendra l'infinie éternité. Peu nous importe que nous ayons ici-bas des commodités ou incommodités, pourvu qu'à toute éternité nous soyons bienheureux.
On dit beaucoup en se taisant, quand on sait se taire par modestie, tranquillité, égalité et patience.
Il y a une grande misère dans les hommes, en ce qu'ils savent si bien ce qui leur est dû, et savent si peu ce qu'ils doivent aux autres.
L'état du mariage est un état qui demande plus de vertu et de constance que nul autre, c'est un perpétuel exercice de mortification.
Il faut tout faire par amour, et rien par force.
Si le drapier fait le drap, il ne fait pas la laine.
Il n'y a point de plus juste titre pour posséder quelque chose que de l'avoir faite.
La bonté divine, considérée en elle-même, n'est pas seulement le premier de tous les motifs, mais encore le plus grand, le plus noble, et le plus puissant ; c'est celui qui ravit les bienheureux, et qui met le comble à leur félicité. Il ne faut qu'avoir un cœur pour aimer une bonté infinie.
On gagne beaucoup à s'acquitter fidèlement des exercices de piété les plus communs. Comme l'occasion de les pratiquer se présente souvent, c'est une source féconde d'actions vertueuses qui ajoutent sans cesse quelque chose au trésor de nos mérites.
Mon cœur vous désire, parce que vous venez du cœur de mon Dieu : je vous aime, et je vous embrasse avec toute l'affection dont je suis capable.
Celui qui veut parvenir à la perfection du saint amour doit être ménager de son temps, de l'application de son esprit, et des affections de son cœur : il n'en a pas trop pour l'exécution d'un si grand dessein.
Avoir plusieurs désirs et plusieurs amours dans un cœur sont comme plusieurs enfants sur une même mamelle, qui ne pouvant s'allaiter tous ensemble, chacun presse de son côté, et la source est bientôt tarie.
Grande folie est de vouloir être sage d'une sagesse impossible.
Qui veut chevir (jouir) de ses facultés, il faut user d'industrie.
Il ne faut pas seulement être bon et doux envers ses proches, envers sa famille, mais aussi envers son prochain ; en quoi manquent grandement ceux qui dans la rue semblent des anges et dans la maison sont des démons.