Les faux savants cherchent à éblouir ; les savants véritables cherchent à se faire comprendre.
Les savants, quand il n'y a pour eux aucun danger d'erreur ni de péché, doivent condescendre à la faiblesse des ignorants ; les sages et les prudents, à celle des humbles et des simples.
Pour un homme savant, il y en a mille qui ne le sont pas.
Le faux savant se flatte toujours des louanges qu'on lui donne.
Le désir déréglé de devenir savant rend souvent les hommes plus ignorants.
Un savant banni est plus estimable qu'un ignorant entretenu.
Le savant sait et s'enquiert ; l'ignorant ne sait de quoi s'enquérir.
Le savant est dans sa patrie ce que l'or est dans le creuset qui l'épure.
Un savant amoureux, c'est un amoureux dont l'habileté réjouit sa partenaire.
Qu'est-ce donc qu'être savant ? C'est savoir qu'on ignore !
Le savant observe et s'instruit par la comparaison ; le sot voit tout avec une égale indifférence.
Les vrais savants, sans désirer ni fuir les grandeurs, les regardent avec indifférence ; les sots et les hommes doués d'un jugement peu sûr les recherchent avec d'autant plus d'empressement qu'ils n'en sentent pas tous les inconvénients : ils ne s'en tiennent qu'à l'écorce : pour eux ce qui brille est ce qui les charme.
Le savant qui ne sait tirer d'autre parti de son savoir qu'une place, n'obtient pas grand-chose.
Le fonctionnarisme est la plus savante école de l'irresponsabilité.
Le savant se cherche, et le riche s'évite.
Une grande science peut s'allier parfaitement à une grande pauvreté d'esprit. En vérité, j'ai souvent trouvé parmi les esprits incultes un sentiment plus énergique de ce que la vie a de profond que chez certaines espèces de savants.
Une des supériorités du savant sur l'ignorant est de sentir où commence le mystère.
Le savant est comme l'or en barre, qui trouve partout son prix.
La science est une plante qu'il faut abandonner à sa croissance naturelle. Je regarde le protestantisme comme un engrais brûlant qui a forcé la végétation. Ce n'est pas le tout d'être savant ; il faut l'être comme il faut, et quand il faut, et autant qu'il faut. Le feu qui fait vivre l'homme, le feu qui le réchauffe quand il a froid, et le feu qui le brûle s'il y tombe, ne sont pas tout à fait la même chose quant au résultat ; c'est cependant toujours le feu.
Un savant, ça va tout seul : je suis venu au monde marié, comme je sais lire.
Les demi-savants n'ont que le masque de la science, comme les hypocrites ont le masque de la vertu.
Tel qui pense, et qui se dit être sage, tiens-le pour fou ; et celui qui savant se fait nommer, sonde-le bien avant.
Les plus sages ne sont pas sages en tout, et les plus savants ignorent souvent les choses les plus vulgaires.
Peu de génie joint à beaucoup de mémoire et de temps peut faire un savant, il faut savoir penser pour être philosophe.
Tous les hommes ne sont pas nés pour être savants, grands physiciens, grands géomètres ; ces qualités ne regardent qu'un très petit nombre doué par excellence d'un génie profond, mais tout le monde doit être honnête homme, nulle excuse qui puisse nous dispenser de l'être. Comme il n'y a pas de honte à être privé des premières qualités, il y en a beaucoup à ne pas avoir cette dernière.
Le professeur ne peut plus être seulement un savant, il doit être un homme, mais un homme éclairé par la science, plus calme, plus maître de lui, d'un caractère encore plus irréprochable que tout autre, car avant d'enseigner les autres il faut s'enseigner soi-même.
Qui n'arrose pas le pouvant, en culture n'est pas savant.
Un riche ignorant passe devant un pauvre savant.
Les savants sont des livres vivants qui éclairent l'esprit, sans incommoder la vue.
Riches et savants de la terre, sachez-le bien, c'est moins votre argent et votre science que les pauvres et les ignorants désirent que vos égards et votre estime. Le mépris des riches pour les pauvres fait plus de voleurs que le besoin.
Le moins ignorant d'entre les savants est celui qui, appréciant la science humaine à sa juste valeur, définit modestement la plupart des choses : un je ne sais quoi.
L'orgueil des savants a rendu la science longue et difficile. Omar serait le plus grand des professeurs si, avant de réduire en cendres la bibliothèque d'Alexandrie, il l'eût fait résumer en quelques petits volumes. Toute cette pauvre science humaine, dont nous sommes si fiers, serait assurément fort à l'aise dans le plus mince des in-32, et s'apprendrait facilement dans vingt-quatre heures. Et nous mettons dix ans à faire un bachelier !
Les corps savants, en leur qualité de conservateurs inintelligents de la science, sont, par toute la terre, opposés au progrès. Les académiciens sont les douaniers de la science ; leur consigne semble être de faire feu sur toute idée nouvelle qui tenterait de franchir, par contrebande, le seuil des académies.
Les savants ont au moins un préjugé de plus que les ignorants, celui de s'en croire exempts. C'est ce préjugé-là, par lequel ils combattent ceux des autres, qui rend incurable, chez eux, la maladie des préjugés.
Mieux vaut être un savant qui s'ignore qu'un sot qui se déclare.
Les savants font la guerre aux préjugés populaires, sans s'apercevoir qu'ils sont eux-mêmes tout pleins de préjugés pour le moins aussi nombreux, quoique différents, et bien plus dangereux pour la société. Les préjugés du peuple, poussés dans les terres incultes de l'ignorance, sont de mauvaises herbes ordinaires qui tomberont, un jour ou l'autre, sous le sarcloir de la science. Les préjugés des savants, vérités d'apparence enracinées dans l'amour-propre, l'orgueil et l'intérêt personnel, sont un chiendent presque inextirpable.
Un jour d'un homme savant vaut mieux que toute la vie d'un ignorant.
Le savant le plus grand est celui qui connaît les limites de son savoir, c'est-à-dire l'infini de son ignorance.
Mieux vaut être savant qu'ignare, intelligent que bête.
Un savant, c'est un homme qui est à peu près certain.
Gardons-nous de confondre la philosophie et la science. Le savant est au philosophe ce qu'un livre est à la nature ; ce que la lumière réfléchie est à la lumière directe ; ce que l'écho est à la voix qu'il répète. Le savant est une mémoire passive ; un lourd dictionnaire : c'est une médiocrité farcie d'orgueil, de pédantisme et d'envie ; un accapareur avare qui vend souvent fort cher les idées des autres. Le philosophe est un génie modeste ; une activité rayonnante : c'est un soleil qui tourne généreusement sur lui-même pour éclairer gratuitement de sa lumière tout ce qui gravite autour de lui.
Nul n'est savant en naissant?