Vivre heureux, voilà ce que veulent tous les hommes : quant à bien voir ce qui fait le bonheur, quel nuage sur leurs yeux ! Et il est si difficile d'atteindre à la vie heureuse, qu'une fois la route perdue, on s'éloigne d'autant plus du but qu'on le poursuit plus vivement ; toute marche en sens contraire ne fait par sa rapidité même qu'accroître l'éloignement. Il faut donc, avant tout, déterminer où nous devons tendre, puis bien examiner quelle voie peut y conduire avec le plus de célérité. Nous sentirons, sur la route même, pourvu que ce soit la bonne, combien chaque jour nous aurons gagné et de combien nous approcherons de ce but vers lequel nous pousse un désir naturel.
Les richesses, je les dédaigne absentes aussi bien que présentes ; ni plus triste de les voir entassées chez d'autres, ni plus fier si elles m'entourent de leur éclat. Que la fortune me vienne ou se retire, je ne m'en apercevrai pas. Je regarderai toutes les terres comme à moi, les miennes comme à tous. Je vivrai en homme qui se sent né pour ses semblables, et je rendrai grâce à la nature d'une si belle mission.
La malveillance aura beau tremper à loisir ses traits dans le fiel, elle ne me détournera pas du mieux ; ce venin qu'elle distille sur les autres, et qui les tue, ne m'empêchera pas d'applaudir sans relâche à des principes que je ne suis pas sans doute, mais que je sais qu'il faudrait suivre, la malveillance ne m'empêchera pas d'adorer la vertu.
Chez le sage, la richesse est esclave ; chez l'insensé, elle est souveraine.
Un bon général ne croit jamais tellement à la paix qu'il ne se prépare à la guerre.
Aucune vertu n'est exempte de travail ! Les unes ont besoin d'aiguillon, les autres de frein. De même que sur une descente il faut au corps une force qui le retienne, et, pour monter, une impulsion ; ainsi certaines vertus suivent un plan incliné, d'autres gravissent laborieusement.
Placez-moi dans la plus opulente maison, en un lieu où l'or et l'argent soient de l'usage le plus commun, je ne m'enorgueillirai pas de ces choses qui, bien qu'étant chez moi, n'en seront pas moins hors de moi.
Ôtez au sage les richesses, tous ses vrais biens lui resteront ; car il vit satisfait du présent, tranquille sur l'avenir.
Faites du bien aux hommes, nous dit la nature ; esclaves ou libres, ingénus ou affranchis, affranchis devant le préteur ou devant nos amis, il n'importe : partout où il y a un homme, il y a place pour le bienfait.
Les richesses sont au sage ce qu'est au navigateur un bon vent qui l'égaye et facilite sa course, ce qu'est un beau jour, et, par un temps brumeux et froid, une plage que réchauffe le soleil.
Ce que j'exige de moi, c'est d'être, sinon l'égal des plus vertueux, du moins meilleur que les méchants ; pour cela il me suffit de me défaire chaque jour de quelque vice et de gourmander mes erreurs.
Ma patrie c'est le monde, les dieux y président, que sur ma tête, qu'autour de moi veillent ces juges sévères de mes actes et de mes paroles. Agréable à mes amis, doux et traitable à mes ennemis, je fais grâce avant qu'on m'implore.
Suivre c'est obéir, pour régir il faut être maître.
Le souverain bien c'est l’harmonie de l'âme, car les vertus doivent être où se trouvent l'accord et l'unité : le désaccord est le propre de tous les vices.
Tout comme les bons, les méchants ont leur volupté. L'homme flétri ne jouit pas moins de sa honte que l'honnête homme de sa belle conduite. C'est pourquoi les anciens nous prescrivent d'adopter la meilleure, non la plus agréable vie, afin que la volonté, droite et bonne, ait le plaisir non pour guide, mais pour compagnon.
Une conscience droite ne dévie jamais, elle n'est jamais odieuse à elle-même.
Pour être heureux il faut un jugement sain ; il faut que, content du présent quel qu'il soit, on sache aimer ce que l'on a ; il faut que la raison nous fasse trouver du charme dans toute situation.
Celui-là est heureux qui cultive l'honnête, et qui ne se laisse ni enfler ni abattre par les événements ; qui ne connaît pas de plus grandes délices que celles qu'il puise dans son cœur, et pour qui la vraie volupté est le mépris des voluptés.
Le souverain bien, c'est une âme qui dédaigne toute chose fortuite, et qui fait sa joie de la vertu. C'est l'invincible énergie d'une âme éclairée sur les choses de la vie, calme dans l'action, toute bienveillante et du commerce le plus obligeant.
Ce n'est pas à la couleur du vêtement dont le corps s'enveloppe que s'arrêtent mes yeux ; je ne juge pas l'homme sur leur témoignage : j'ai un flambeau meilleur et plus sûr pour démêler le faux du vrai. Le mérite de l'âme, c'est à l'âme à le trouver.
Vous voulez être heureux ? Soyez-le par vous-même !
Tout ce que l'univers nous astreint à souffrir, endurons-le en faisant preuve de grandeur d'âme.
La vie heureuse est celle qui s'accorde avec sa propre nature.
L'homme heureux est celui qui se contente du présent, quel qu'il soit.
Nous sommes nés dans un royaume : obéir à la divinité, voilà la liberté.
L'homme heureux est celui que la raison approuve et recommande en toute situation.
Chacun aime mieux croire que de juger.
La vie heureuse, c'est une âme libre, élevée, intrépide et inébranlable.
Autant sont nombreux les admirateurs, autant sont les envieux.
Le bien de l'âme, c'est à l'âme de le trouver.
La vie heureuse est celle qui a pour base un jugement droit et sûr.
L'important n'est pas ce qu'on supporte, mais la façon de le supporter.
La preuve du pire, c'est la foule.
Toute méchanceté a sa source dans la faiblesse.
Il faut toute la vie pour apprendre à vivre.
L'homme heureux est celui qui a le jugement droit.
Le peuple tient ferme contre la raison, il défend le mal qui le tue.
Mieux vaut modérer ses joies que de réprimer ses douleurs.