Ne déshonorez jamais le nom sacré d'ami en le donnant à celui qui n'a que peu ou pas de vertu.
Si quelqu'un t'a tendu la main pour t'arracher du déshonneur, s'il a mis de la délicatesse dans ses bienfaits, s'il a essuyé tes larmes, puissent pleuvoir sur lui toutes les consolations ! sur lui et sur ses enfants, et sur les enfants de ses enfants !
Toutes les sciences, tous les arts, tous les moyens dont nous pouvons disposer pour trouver, pour faire comprendre le beau et le vrai, ont droit à l'hommage de la société, et d'abord à celui de tout esprit cultivé.
Heureux l'homme qui trouve un ami digne de lui ! Avant de reconnaître un homme pour vertueux, l'idée seule qu'il pourrait ne pas l'être doit vous maintenir à son égard dans les bornes d'une politesse générale. Le don du cœur est chose trop grave ; il y a imprudence coupable, il y a absence de dignité à se hâter de le jeter au premier venu.
Quiconque se lie avec des compagnons pervers se pervertit lui-même, et fait honteusement rejaillir sur lui une part de leur infamie.
Où règne l'orgueil on ne saurait trouver d'autre Dieu que soi-même.
Le savoir n'est que nuisible quand s'y joint l'orgueil, pire quand s'y joint le pédantisme.
Confesser avec franchise et modestie à la fois ce qu'on tient fermement pour importante vérité, le confesser là même où l'on sait devoir trouver non l'approbation, mais le dédain, c'est un devoir.
Vivre libre est chose bien plus douce que vivre en prison ; qui en doute ? Et cependant, même dans la détresse d'une prison, quand on sait que les joies de ce monde sont éphémères, que le véritable bonheur réside dans la conscience, et non dans les objets extérieurs, on peut encore trouver du charme à se sentir vivre.
J'aurais perdu la vie ou la raison si je n'avais trouvé pour m'appuyer un cœur né de la femme et ouvert à la charité.
Grave bien dans ton esprit cette vérité : l'important, c'est d'avoir du mérite, et non d'avoir un mérite récompensé par les hommes. S'ils le récompensent, c'est très bien ; sinon le mérite s'accroît en le conservant, quoiqu'il ne soit pas récompensé.
Nous devons de la bienveillance à tous les hommes, mais cette bienveillance ne doit aller jusqu'à l'amitié que pour ceux qui ont des droits à notre estime.
Ne croyez à la faute d'autrui que lorsqu'elle est prouvée véritablement, et prenez bien garde que tous ceux qui ont la haine dans le cœur proclament manifeste plus d'une faute qui ne l'est point.
Tout ce que tu apprends, applique-toi à l'apprendre avec le plus de profondeur possible.
L'amitié est un lien fraternel, et, dans son sens le plus élevé, elle est le plus bel idéal de la fraternité. C'est un accord suprême de deux ou de trois âmes, jamais d'un bien grand nombre, qui se sont devenues nécessaires l'une à l'autre, qui ont trouvé l'une dans l'autre une parfaite disposition à s'entendre, à s'entraider et à s'encourager au bien.
Toi, toi né dans un siècle où l'excès du mensonge et de la perfidie est si ordinaire, garde-toi pur de ces deux vices : sois noblement disposé à croire à la véracité d'autrui, et si l'on ne croit pas à la tienne, ne t'en fâche pas : il suffit pour toi qu'elle brille aux yeux de celui qui voit tout, aux yeux de Dieu.
Si tu as des frères et des sœurs, mets tous tes soins à ce que l'amour que tu dois à tes semblables commence d'abord par ceux qui t'ont donné le jour, tes parents, puis vis-à-vis de ceux qui te sont unis par la plus étroite des fraternités : Tes sœurs, et tes frères.
Exiger, pour respecter nos parents, qu'ils soient exempts de défauts, qu'ils soient la perfection de l'humanité, c'est orgueil et injustice. Nous aussi qui désirons être respectés et chéris, sommes-nous toujours sans reproche ?
Le premier de nos devoirs, c'est d'aimer la vérité et d'avoir foi en elle.
Le vil et moqueur cynisme n'est que le génie de ce qui est bas : c'est Satan forgeant toujours des calomnies pour le genre humain, afin de l'entraîner à se rire de la vertu et la fouler aux pieds.
Dans toutes tes études, tâche de réunir le discernement calme à la pénétration, la patience de l'analyse à la force de la synthèse, et avant tout, la volonté de ne pas te laisser abattre par les obstacles, à celle de ne pas tirer vanité de tes triomphes ; en un mot, aie la volonté de t'éclairer avec du courage, mais sans hauteur.
L'envie est trop portée à discréditer l'homme de bien.
Si votre savoir est élevé, ce n'est pas une raison pour mépriser l'ignorant.
Veille à faire le bien non seulement devant Dieu, mais devant tous les hommes.
Méprisez le faux savoir, il est funeste. Estimez le vrai savoir, qui toujours est utile. Estimez-le, que vous le possédiez ou que jamais vous n'ayez pu y atteindre.
Il n'y a pas de douceur plus grande que celle d'être compatissant et de chercher à soulager le malheur d'autrui.
La civilisation, la richesse, la puissance, sont diverses chez les diverses nations, mais dans toutes il y a des âmes qui obéissent à la haute vocation de l'homme : aimer, compatir et faire du bien.
Familiarise-toi avec l'idée d'avoir des ennemis, mais n'en sois pas troublé. Il n'est personne, quelque bienfaisant, quelque sincère, quelque inoffensif qu'il soit, qui n'en compte plusieurs. Il est des malheureux chez qui l'envie est tellement naturalisée, qu'ils ne peuvent vivre sans lancer des sarcasmes et de fausses accusations contre celui qui jouit de quelque réputation.
Il est des choses excellentes que l'individu seul ne peut faire, et qui ne se peuvent en secret. Aimez les associations de bienfaisance, et si vous en avez le moyen, propagez-les, ranimez-les lorsqu'elles s'engourdissent, redressez-les lorsqu'on fausse leur but. Ne perdez pas courage pour les sottes railleries que les avares et les oisifs n'épargnent jamais à ces âmes laborieuses qui travaillent pour le bien de l'humanité.
Parmi beaucoup d'ingrats, il y a aussi l'homme reconnaissant, digne de vos bienfaits. Vos bienfaits ne seraient pas tombés sur lui, si vous ne les aviez jetés à plusieurs. Les bénédictions de ce seul homme vous dédommageront de l'ingratitude de dix autres.
Ne dussiez-vous jamais trouver une âme reconnaissante, la bonté de votre cœur sera votre première récompense. Est-il douceur plus grande que celle qui naît du sentiment de la pitié et des efforts que l'on fait pour soulager le malheur des autres ! Elle surpasse de bien loin la douceur d'être secouru ; car il n'y a point de vertu à être secouru, et il y en a beaucoup à secourir.
Soyez délicat avec tout le monde dans le bien que vous faites, mais surtout avec les personnes qui ont plus particulièrement droit au respect, avec les femmes timides et honnêtes, avec tous ceux qui commencent à peine ce cruel apprentissage de la pauvreté, et qui souvent dévorent leurs larmes en secret, plutôt que de prononcer cette déchirante parole : J'ai besoin de pain !
Il est toujours beau de compatir au sort des malheureux, même à celui des coupables. La loi sans doute a droit de les condamner ; l'homme n'a jamais droit de se réjouir de leur douleur, ou de les peindre sous des couleurs plus noires que ne le permet la vérité.
Dès que le malheur a frappé un homme, eût-il été votre ennemi, eût-il dévasté votre patrie, il y a bassesse à triompher de sa misère et à la contempler avec orgueil.
Partout où l'accusation retentit, sachez aussi écouter la défense.
Rougir de témoigner son estime à un honnête homme disgracié de la fortune est la pire des bassesses. Elle n'est pourtant que trop commune ; n'en soyez que plus vigilant à ne jamais vous en laisser infecter.
Si vous voyez quelque part le mérite opprimé, employez-vous de toutes vos forces à le relever, ou si vous ne le pouvez, employez-vous du moins à le consoler, et à lui rendre hommage.
Prodiguez à qui en a besoin des secours de tout genre : — Secours d'argent et de protection, quand vous le pouvez ; — De bons conseils, quand l'occasion s'en présente ; — De bonnes manières et de bons exemples, toujours.
Un maître méprisant et brutal ne manque jamais d'être haï, quelque salaire qu'il donne à ses serviteurs.
Rien n'est consolant pour le malheureux comme de se voir traité avec égard, avec bienveillance par ceux qui sont au-dessus de lui ; son cœur se remplit de reconnaissance, et alors il comprend pourquoi le riche est riche, et il lui pardonne sa fortune, parce qu'il l'en juge digne.