L'amitié est un lien fraternel, et, dans son sens le plus élevé, elle est le plus bel idéal de la fraternité. C'est un accord suprême de deux ou de trois âmes, jamais d'un bien grand nombre, qui se sont devenues nécessaires l'une à l'autre, qui ont trouvé l'une dans l'autre une parfaite disposition à s'entendre, à s'entraider et à s'encourager au bien.
Que ton épouse te soit comme un ange tutélaire ; qu'elle t'éloigne de tout ce qui est bas pour t'élever à tout ce qui est noble. Dans tout ce que tu entreprendras, cherche à mériter son approbation, afin que sa belle âme jouisse de t'avoir pour époux ; honore-la non pas devant les hommes, ce qui est peu important, mais aux yeux de Dieu qui voit tout.
Si tu choisis le célibat, honore-le des vertus qu'il prescrit, et sache en apprécier les avantages.
Si tu veux que la lecture te laisse de durables empreintes, borne-toi à quelques auteurs d'un esprit sain, et nourris-toi de leur substance. Être partout, revient à n'être nulle part en particulier. Une vie passée dans les voyages fait connaître bien des hôtes et peu d'amis. Il en est de même de ces lecteurs à la course qui, sans prédilection pour un livre, en dévorent sans fin.
Si tu sais beaucoup, sois modeste, et ne méprise pas pour cela l'ignorant. Le savoir est comme la richesse ; il est désirable pour pouvoir mieux se rendre utile à autrui. Mais qui ne l'a point, peut sans le posséder être un très bon citoyen, cet homme dès lors a le droit au respect.
La colère n'a quelque valeur que dans les cas très rares où il semble qu'on puisse par elle humilier un méchant et le retirer des voies de l'iniquité.
Toi, toi né dans un siècle où l'excès du mensonge et de la perfidie est si ordinaire, garde-toi pur de ces deux vices : sois noblement disposé à croire à la véracité d'autrui, et si l'on ne croit pas à la tienne, ne t'en fâche pas : il suffit pour toi qu'elle brille aux yeux de celui qui voit tout, aux yeux de Dieu.
Si tu as des frères et des sœurs, mets tous tes soins à ce que l'amour que tu dois à tes semblables commence d'abord par ceux qui t'ont donné le jour, tes parents, puis vis-à-vis de ceux qui te sont unis par la plus étroite des fraternités : Tes sœurs, et tes frères.
Exiger, pour respecter nos parents, qu'ils soient exempts de défauts, qu'ils soient la perfection de l'humanité, c'est orgueil et injustice. Nous aussi qui désirons être respectés et chéris, sommes-nous toujours sans reproche ?
Le premier de nos devoirs, c'est d'aimer la vérité et d'avoir foi en elle.
Le vil et moqueur cynisme n'est que le génie de ce qui est bas : c'est Satan forgeant toujours des calomnies pour le genre humain, afin de l'entraîner à se rire de la vertu et la fouler aux pieds.
Dans toutes tes études, tâche de réunir le discernement calme à la pénétration, la patience de l'analyse à la force de la synthèse, et avant tout, la volonté de ne pas te laisser abattre par les obstacles, à celle de ne pas tirer vanité de tes triomphes ; en un mot, aie la volonté de t'éclairer avec du courage, mais sans hauteur.
L'envie est trop portée à discréditer l'homme de bien.
Si votre savoir est élevé, ce n'est pas une raison pour mépriser l'ignorant.
Veille à faire le bien non seulement devant Dieu, mais devant tous les hommes.
Méprisez le faux savoir, il est funeste. Estimez le vrai savoir, qui toujours est utile. Estimez-le, que vous le possédiez ou que jamais vous n'ayez pu y atteindre.
Il n'y a pas de douceur plus grande que celle d'être compatissant et de chercher à soulager le malheur d'autrui.
La civilisation, la richesse, la puissance, sont diverses chez les diverses nations, mais dans toutes il y a des âmes qui obéissent à la haute vocation de l'homme : aimer, compatir et faire du bien.
Familiarise-toi avec l'idée d'avoir des ennemis, mais n'en sois pas troublé. Il n'est personne, quelque bienfaisant, quelque sincère, quelque inoffensif qu'il soit, qui n'en compte plusieurs. Il est des malheureux chez qui l'envie est tellement naturalisée, qu'ils ne peuvent vivre sans lancer des sarcasmes et de fausses accusations contre celui qui jouit de quelque réputation.
Il est des choses excellentes que l'individu seul ne peut faire, et qui ne se peuvent en secret. Aimez les associations de bienfaisance, et si vous en avez le moyen, propagez-les, ranimez-les lorsqu'elles s'engourdissent, redressez-les lorsqu'on fausse leur but. Ne perdez pas courage pour les sottes railleries que les avares et les oisifs n'épargnent jamais à ces âmes laborieuses qui travaillent pour le bien de l'humanité.
Parmi beaucoup d'ingrats, il y a aussi l'homme reconnaissant, digne de vos bienfaits. Vos bienfaits ne seraient pas tombés sur lui, si vous ne les aviez jetés à plusieurs. Les bénédictions de ce seul homme vous dédommageront de l'ingratitude de dix autres.
Ne dussiez-vous jamais trouver une âme reconnaissante, la bonté de votre cœur sera votre première récompense. Est-il douceur plus grande que celle qui naît du sentiment de la pitié et des efforts que l'on fait pour soulager le malheur des autres ! Elle surpasse de bien loin la douceur d'être secouru ; car il n'y a point de vertu à être secouru, et il y en a beaucoup à secourir.
Soyez délicat avec tout le monde dans le bien que vous faites, mais surtout avec les personnes qui ont plus particulièrement droit au respect, avec les femmes timides et honnêtes, avec tous ceux qui commencent à peine ce cruel apprentissage de la pauvreté, et qui souvent dévorent leurs larmes en secret, plutôt que de prononcer cette déchirante parole : J'ai besoin de pain !
Il est toujours beau de compatir au sort des malheureux, même à celui des coupables. La loi sans doute a droit de les condamner ; l'homme n'a jamais droit de se réjouir de leur douleur, ou de les peindre sous des couleurs plus noires que ne le permet la vérité.
Dès que le malheur a frappé un homme, eût-il été votre ennemi, eût-il dévasté votre patrie, il y a bassesse à triompher de sa misère et à la contempler avec orgueil.
Partout où l'accusation retentit, sachez aussi écouter la défense.
Rougir de témoigner son estime à un honnête homme disgracié de la fortune est la pire des bassesses. Elle n'est pourtant que trop commune ; n'en soyez que plus vigilant à ne jamais vous en laisser infecter.
Si vous voyez quelque part le mérite opprimé, employez-vous de toutes vos forces à le relever, ou si vous ne le pouvez, employez-vous du moins à le consoler, et à lui rendre hommage.
Prodiguez à qui en a besoin des secours de tout genre : — Secours d'argent et de protection, quand vous le pouvez ; — De bons conseils, quand l'occasion s'en présente ; — De bonnes manières et de bons exemples, toujours.
Un maître méprisant et brutal ne manque jamais d'être haï, quelque salaire qu'il donne à ses serviteurs.
Rien n'est consolant pour le malheureux comme de se voir traité avec égard, avec bienveillance par ceux qui sont au-dessus de lui ; son cœur se remplit de reconnaissance, et alors il comprend pourquoi le riche est riche, et il lui pardonne sa fortune, parce qu'il l'en juge digne.
Regardez avec une affectueuse compassion tous ceux qui vivent dans le malaise et dans la peine, et qui sont, par rapport à votre fortune, dans un état d'infériorité. Ne leur faites jamais sentir par d'arrogantes manières cette infériorité ; ne les humiliez jamais par d'âpres paroles, pas même quand ils vous déplairaient à cause de quelque grossièreté ou par quel qu'autre défaut.
Respectez le malheur dans tous ceux qui en souffrent les atteintes, quand même ils ne seraient pas dans une absolue indigence, quand ils n'auraient pas besoin de vos secours.
Ayez pitié des pauvres qui se laissent aller à l'impatience et à la rage ! Pensez que c'est une chose bien dure pour le malheureux de souffrir toutes les misères dans un taudis ou dans un chemin, tandis qu'à quelques pas de lui passent des hommes parfaitement vêtus et nourris. Pardonnez-lui, s'il a la faiblesse de vous regarder avec envie, et secourez-le dans ses besoins, parce qu'il est homme.
Ne refusez pas votre aide au mendiant, mais que là ne s'arrête pas votre aumône. L'aumône intelligente et haute est celle qui procure aux pauvres de plus honnêtes moyens de vivre que la mendicité, c'est-à-dire celle qui aux diverses professions, libérales ou communes, donne travail et pain.
Sans le calme du cœur, la plupart des jugements de l'homme sont mensongers et malicieux. Il n'y a que le calme du cœur qui puisse te rendre fort pour souffrir, fort pour travailler avec constance, juste, indulgent, aimable avec tout le monde.
Si tu rencontres une femme humble, si toutes ses paroles et toutes ses actions respirent la bonté, un naturel de bon goût, de l'élévation de sentiments, une volonté forte dans ses devoirs, une attention à ne blesser personne et à consoler qui est dans la peine, à se servir des grâces de son esprit pour ennoblir les pensées des autres, alors aime-la d'un grand amour, d'un amour qui soit digne d'elle.
Ne sois ni hautain vis-à-vis d'autrui, ni indifférent, ne prostitue jamais tes affections ; sois ferme à conserver ton cœur libre, ou à en faire hommage à une femme digne qui aura plein droit à ton estime.
Honore la femme, mais crains les séductions de sa beauté, et plus encore les faiblesses de ton cœur.
Il n'y a de vertu qu'à condition de se repentir du mal que l'on a fait, et de s'en corriger.
Chaque sentier de la vie a ses épines, dès que tu as mis le pied dans un, avance ; reculer, c'est faiblesse.
On se rend injuste en appréciant toujours au-dessous de leur valeur ceux dont on est jaloux.
Qui s'apprécie au-dessus de sa véritable valeur se rend orgueilleux et ridicule.
Sans la force d'âme, on n'est maître d'aucune vertu, on ne remplit aucun devoir élevé.
S'il t'arrive d'offenser quelqu'un, aie la noble humilité de lui en demander pardon.