Résistons sans crainte à l'opinion du monde, pourvu toutefois que notre respect pour nous-même croisse en proportion de notre indifférence pour elle.
La vieillesse, c'est le passé ; l'enfance, c'est l'avenir, et la jeunesse le présent.
L'humilité est le vrai flambeau qui éclaire nos souffrances. Insolvables comme nous sommes, que pouvons-nous souffrir que nous n'ayons mérité, sinon dans le détail au moins dans l'ensemble ? La douce et tendre humilité arrache le trait, guérit la blessure que la résignation cicatrise.
L'amour entre dans le cœur à l'improviste, il devance tous les mouvements ou du moins n'en suit aucun et la réflexion même en lui devient complice ; aussitôt qu'il existe, il aveugle et, lorsqu'il a étendu ses profondes racines, rien de ce qui n'est pas lui-même ne saurait les ébranler.
L'amour élève parfois, crée des qualités nouvelles, suspend les penchants coupables ; mais ce n'est que pour un jour. Il est alors comme les monarques de l'Orient dont un regard tire l'esclave de sa poussière et l'y laisse retomber.
Chaque âge a une qualité qui porte son caractère propre. La docilité caractérise l'enfance, pour qui toute morale, ainsi qu'au berceau du monde, est renfermée dans le précepte de l'obéissance. Le dévouement caractérise la jeunesse, la force l'âge mûr, la dignité la vieillesse : c'est toute la statistique de la vie humaine.
Dans la jeunesse, on croit s'enrichir de toute illusion nouvelle ; dans l'âge mûr, de toutes celles qu'on perd.
On n'est riche que de ce que l'on donne, et pauvre seulement de ce qu'on refuse.
Le pouvoir, c'est le fait ; l'autorité, c'est le droit. L'un crée la nécessité et l'autre la soumission.
Il n'y a d'immobile dans la vie que les souvenirs ; nous ne sommes sûrs de garder intact que ce que nous avons perdu.
J'aimerais mieux choisir mes peines que mes plaisirs, par la raison que je crains plus les unes que je n'espère des autres.
Il y a des gens qui ne donnent jamais leur cœur, ils le prêtent et encore à usure.
La vie n'a pas assez de biens pour nous dédommager de l'oubli d'un seul devoir.
Le monde n'accorde quelque compassion qu'aux peines positives. Il consent à plaindre ce que vous perdez, jamais ce qui vous manque.
Au fond, il n'y a dans la vie que ce qu'on y met.
C'est prodigieux tout ce que ne peuvent pas ceux qui peuvent tout !
Le repentir, c'est le remords accepté.
On s'attend à tout, et on n'est jamais préparé à rien.
Nos fautes nous affligent plus que nos bonnes actions ne nous consolent ; c'est toujours la peine qui l'emporte dans la conscience comme dans le cœur.
Ceux qui nous rendent heureux nous savent toujours gré de l'être ; leur reconnaissance est le prix de leurs propres bienfaits.
Allons toujours au-delà des devoirs tracés et restons toujours en deçà des plaisirs permis.
Il est des coupables dont la justification n'est nulle part et l'excuse partout.
Celui qui pour donner ne s'est pas imposé de privations n'a fait qu'effleurer les joies de la charité. Nous devons notre superflu, et le bonheur dans le devoir, c'est d'en dépasser les limites.
Avoir des idées, c'est cueillir des fleurs ; penser, c'est en tresser des couronnes.
Il est des choses qu'on ne peut s'empêcher de savoir mais qu'il n'est jamais permis de s'avouer.
Les cœurs aimants sont comme les indigents, ils vivent de ce qu'on leur donne.
Le mot de malheur est comme la parole d'un honnête homme : il tient tout ce qu'il promet.
L'humilité est une cuirasse qui amortit les coups portés par l'hostile volonté humaine, mais cette cuirasse fait défaut au cœur.
On peut se faire une solitude au fond de son cœur au milieu de la vie dissipée du monde. On peut aussi, quand l'isolement accable dans la solitude, s'y créer des êtres à son choix, selon son âme et uniquement à son usage.
Les caractères passionnés n'atteignent le but qu'après l'avoir dépassé.
Nous ne jugeons pas les hommes sur ce qu'ils sont en eux-mêmes, mais sur ce qu'ils sont relativement à nous.
Que la pureté est difficile pour les âmes pures ! Un peu de poussière d'étamine suffit pour ôter au lis sa blancheur.
Il n'y a que deux futurs que l'homme puisse s'appliquer avec certitude et sans orgueil : Je souffrirai, je mourrai.
Une chanson anglaise commence par ces mots : L'amour frappe à la porte. — Il y frappe moins souvent qu'il ne la trouve ouverte.
Il y a des gens qui ne parlent jamais d'eux-mêmes, mais c'est pour y penser toujours.
A force d'agir comme on devrait penser on finit par penser comme on doit agir.
Montrer imprudemment ce qu'il y a de plus vulnérable dans notre sensibilité, c'est inviter à y frapper.
Que notre vie soit pure comme un champ de neige où nos pas s'impriment sans laisser de souillure.
Dans la saison qui dépouille la nature, il n'est pas de brise, de souffle si léger qui ne soient assez forts pour détacher la feuille de l'arbre. Dans l'automne du cœur, il ne se fait pas un mouvement qu'il n'emporte un bonheur ou une espérance.