Il est contre la prudence d'élever quelqu'un aux grands emplois avant qu'il ait passé par les petits.
Il est d'un habile homme d'abandonner une entreprise trop difficile et peu utile.
L'air séditieux rend criminelles les actions les plus justes.
Il faut pardonner les témérités et les imprudences quand elles réussissent.
La négligence fuit ordinairement l'audace.
Les délibérations précipitées sont toujours nuisibles aux affaires importantes.
On ne manque jamais d'abuser de la trop grande bonté des autres.
Il est de la prudence de ne pas changer des conduites qui ont toujours réussi.
On cherche en vain l'occasion qu'on a perdue.
Il y a des peuples qui ne sont fidèles que faute d'occasion de ne l'être pas.
Les grands hommes ont plus soumis de peuples par la douceur que par la force.
Un bonheur imprévu cause souvent une folle joie.
La fortune ne manque jamais de punir ceux qui abusent des grâces qu'elle leur fait.
Les âmes élevées songent plutôt aux grandes choses qu'à celles qui ne sont qu'utiles.
Il est plus facile de censurer les choses faites que de les changer.
Les conquêtes les plus glorieuses ne valent pas toujours les braves que l'on perd.
Les hommes sentent moins vivement les biens que les maux.
La tristesse publique est la plus bette pompe funèbre.
Le soleil ne s'est pas encore couché pour la dernière fois.
Un chef vaut mieux que plusieurs, leur multitude nuit au bien.
Les traîtres se doivent défier même de ceux pour qui ils le sont.
La servitude est plus affreuse aux belles âmes que l'exil et la mort.
La vérité est souvent éclipsée, mais jamais éteinte.
Une paix certaine vaut mieux que l'espérance d'une victoire.
La justice, la bonne foi, et la droiture, doivent être le fondement de la politique.
Un bon magistrat doit soutenir courageusement la dignité de sa charge, dans les cas difficiles.
Un crime impuni ne manque guère d'être suivi d'un autre crime.
Il faut que les amitiés vivent, et que les haines meurent.
Le relâchement de la discipline dans un État y cause peu-à-peu le dérèglement et la corruption des mœurs.
Un bon citoyen ne distingue pas ses intérêts de ceux de la patrie.
L'ambition ne quitte jamais un cœur dont elle s'est une fois emparée.
La grande union dans les États en fait la prospérité et la grandeur.
Un homme sans reproche ne peut s'abaisser à se justifier.
Il est rare de voir en une même personne le mérite et la modestie au même degré.
La paix est toujours bonne à faire quand la guerre est insupportable.
On ne sait lequel est le plus facile, ou de faire des conquêtes, ou de les conserver.
Il est plus difficile d'ébranler une puissance bien établie que de l'abattre quand elle est ébranlée.
Il est plus aisé de faire des conquêtes les unes après les autres que de les conserver toutes ensemble.
Toute faute doit être compensée par une bonne action.
La fierté d'un ennemi vaincu rend la joie des vainqueurs plus vive.
Les conseils peuvent passer pour sincères quand on s'offre de les exécuter.
Les grandes âmes ne peuvent rien souffrir qui sente la servitude.
L'intérêt est le plus fort lien de toutes les sociétés.
Il n'y a guère de nouvelles entièrement fausses ni entièrement vraies.
Les esprits inquiets préfèrent toujours l'avenir au présent.
La liberté modérée est utile aux Républiques, et l'excessive leur est nuisible.
Il y a des lois qui ne sont que pour un temps, et qui changent avec le temps comme les modes.
Il est des personnes d'un naturel doux qui sont austères dans leurs mœurs et dans leurs discours.
Il vaut mieux ne point accuser un méchant homme que de l'absoudre après l'avoir accusé.
Le luxe des femmes ruine les maris en toutes façons.
Il y a de la prudence quelquefois à soutenir avec fermeté ce qu'on a commencé avec audace.
L'insolence des vainqueurs fait qu'on a pitié des vaincus.