On est parfois gai pour ne pas être triste comme ces cultivateurs qui allument des feux de joie dans leurs champs pour les défendre contre la gelée.
Il y a des réponses à certaines questions qui ont le même résultat qu'un filet d'eau froide dans un récipient de vapeur.
Dans tous les temps, l'homme a reconnu une justice ; toutes les sociétés, même sauvages, ont eu leur code de l'honneur, toutes ont établi la grande distinction du licite et de l'illicite, de l'honnête et du malhonnête, et infligé des flétrissures à l'homme incapable de règle. J'en conclus que l'homme est né pour l'ordre qui est la loi naturelle de la vie.
Quand ils s'y mettent, les écus font des petits.
Il est dans la nature de tout être raisonnable de chercher le plaisir, de fuir la douleur. Quiconque cherche la douleur et fuit le plaisir est un extravagant, s'il n'est pas un hypocrite.
J'admire son air de candeur, la pureté de son regard, la grâce de son sourire aussi frais que s'il n'avait jamais servi.
Quand on court le monde, on laisse de la laine aux buissons des grands chemins.
Si grand qu'on soit on a toujours un voisin, et c'est toujours incommode un voisin, même un bon voisin.
Il dormait si profondément que le bourdon d'une cathédrale, sonnant à toute volée, ne l'aurait pas réveillé.
Il y a des cas où notre pensée est notre plus grande ennemie ; c'est un rat qui court et trotte dans la maison, un de ces rats de grenier, à la dent rongeante, nés pour faire du bruit, du dégât, des ravages et empêcher les gens de dormir.
Un bon lit de plumes et dormir dix heures, voilà mon bonheur, tout le reste est néant.
Il n'y a pour l'homme de vrai repos que dans la société de l'invisible.
Les sociétés changent, les religions ne changent pas ; quand l'homme, fier de ses progrès, se trouve en désaccord avec ses antiques croyances, son Dieu lui semble arriéré, il le traite de traînard, il lui reproche de s'oublier dans la nuit du passé et le somme insolemment d'avancer une montre qui retarde.
Il ne tient qu'à un gourmand de se représenter le goût et le parfum d'une truffe que l'eau lui en vienne à la bouche.
Mieux vaut garder ses biens que de les céder au rabais.
Les interminables monologues des pédants distillent l'ennui.
Les vrais fous ne sont pas ceux qu'on enferme mais ceux qui les gardent.
Quand on ne peut pas la secouer, on tâche d'aimer sa chaîne.
Les difficultés sont le sel de la vie. Quand on les connait ou qu'on les devine, il faut en venir à bout.
C'est peut-être une idée chrétienne que les injustices se réparent par des aumônes, mais ce n'est pas la mienne : je n'accepte l'aumône de personne, et je me souviens des injustices.
Les mauvaises passions sont habiles à plaider le pour et le contre, à justifier l'injustice, à colorer le mal ! La conscience leur résiste quelque temps et les fait taire ; puis elle finit par écouter, elle hésite, elle se trouble, et de faiblesse en faiblesse elle déserte et passe à l'ennemi.
Avoir un parâtre est toujours un grave inconvénient, il pourrait bien te chiper ton héritage. Veille au grain, mon petit vieux.
Un caractère qui est une harmonie, voilà la beauté ; une harmonie qui est un caractère, voilà la grâce.
Je n'ai jamais su résister aux tentations de la chair, c'est mon péché mignon.
Le plus grand plaisir du médisant est de mystifier la moitié de son prochain.
Depuis la nuit des temps on se brouille, on se raccommode, ainsi va le monde !
Les examens ne donnent pas l'expérience.
Il est des cas où il n'est pas aisé de croire aux serments d'amoureux ! Dans certaines âmes la fièvre d'amour est intermittente, hélas !
Le passé est anéanti ; l'avenir s'ouvre devant nous comme le ciel doux où s'enfoncent nos regards.
Le présent ne nous suffit pas, l'avenir n'est pas à nous, pour étendre son être il est bon de s'intéresser à ce qui n'est plus.
Lorsqu'on a l'esprit bourgeois, on attache trop d'importance aux moindres détails des affaires et de la vie, et le détail, comme l'a dit Voltaire, est une vermine qui ronge les grands ouvrages.
Le premier caractère commun à tous les arts est d'être des sciences destinées uniquement à nous donner des plaisirs. Il n'en est aucun qui ne demande un pénible apprentissage, de longues et difficiles études et beaucoup de pratique ; on passe sa vie à les apprendre, on ne croit jamais les savoir.
Mon amour est un feu dévorant pour les femmes qui s'y précipitent, et parmi toutes celles que j'ai le plus aimées il n'en est pas une qui a pu me parler de mariage sans me faire frémir.
Je t'aime parce que tu es admirablement belle, parce que tu es charmante, parce que tu es adorable, parce que tu as toutes les grâces, et qu'auprès de toi toute femme me paraît laide. Oui, je t'aime, je te donne pour jamais mon cœur, mon amour et ma vie.
Un rêve d'amour est quelque chose, mais l'amitié est un bien plus sûr, les tempêtes la respectent.
Il existe des endroits que la nature se réserve où elle entend que personne ne la dérange. La corneille y peut croasser à son aise, le vent peut y causer avec les trembles ; mais la voix de l'homme y détonne, elle n'a pas assez de mystère, elle inquiète la silencieuse mélancolie des choses.
Si les femmes qui ne font pas l'amour n'avaient pas le droit d'en entendre parler, que leur resterait-il ? Ne leur est-il pas agréable de se faire décrire des pays où elles n'iront jamais ? C'est une revanche qu'elles prennent sur leur vertu.
Il survient quelquefois dans la vie des circonstances si bizarres, si étranges, si imprévues, que le premier mouvement est de ne pas croire. On n'y est plus, on ne se reconnaît pas. On se dit : Où suis-je ? Est-ce bien moi ? — Et on se frotte les yeux pour se réveiller ; mais, pour se frotter les yeux, il faut avoir les mains libres, et c'est un bonheur que n'a pas tout le monde.
Les femmes qui ont fait une bêtise n'ont pas besoin d'en dire bien long ; si courtes que soient leurs excuses, il faut que les hommes s'en contentent.
Quand on a le goût de la tirade, on ne se peut passer d'un confident.
Entre amis, les confidences soulagent le cœur.
Je n'ai qu'un seul confident, un petit cahier où chaque soir, avant de m'endormir, j'écris ce que j'appelle pompeusement mes pensées du jour.
Le bon Dieu a décidé que les habiles auraient toujours raison des maladroits, et le premier degré de l'habileté, si tu veux le savoir, est de faire son profit des embarras des autres, le second est de les faire naître. Les prétendus honnêtes gens que j'ai connus n'étaient que des timides et des empêchés ; ils mouraient d'envie de tricher au jeu, mais ils ne savaient pas s'y prendre, et ce qui leur manquait c'était moins l'intention que le talent. Mais voilà, quand on a perdu la partie, on se console en se faisant des principes, et on les prêche, et on a de vertueuses indignations contre le gagnant, et on le dénonce à l'univers et on le traduit devant la conscience publique. Tout cela n'est que de la graine de niais. Je me suis toujours défié des hommes à principes ; je n'en ai jamais rencontré un seul qui fût bon à quelque chose.
Qui ne gagne pas assez finit par tricher.
L'essentiel dans sa vie est de se rendre utile aux autres, aux idées et aux gens qu'on aime. La solitude, c'est le silence, c'est la nuit, c'est la mort avant la mort. Par instants mon cœur se fond dans ma poitrine, et je pleure. Ces larmes de douleur, que ne les ai-je recueillies ! Je voudrais les boire.
Sans la sagesse les plus beaux desseins avortent au milieu même du succès.
Je crois avoir vu le bout des choses. Je me souviens de mes plaisirs, de mes passions, et je les méprise. Que ne puis-je respecter mes chagrins ! Mon seul mérite est de me juger et d'être mécontent de moi-même. Il n'y a de louable en moi que mon inquiétude ; je me reproche les langueurs de ma volonté, mon existence inutile et vide, et je me sens porté aux résolutions sérieuses, aux desseins austères.
Une femme peut supporter bien des choses. Elle peut se consoler d'une infidélité, se résigner à une trahison. Je ne suis pas bien exigeante ; je consens à vivre après avoir placé mon cœur en si bas lieu que je n'y puis songer sans rougir. Mes souvenirs, mes misères, j'accepte tout ; mais enfin il est des efforts impossibles, il est des insultes qu'on ne dévore pas. Cet homme, qu'il s'éloigne ! qu'il me fasse la grâce de ne plus exister pour moi !
On se quitte parfois comme on quitte une chemise sale.
L'amour n'est pas seul à connaître la douleur des éternelles séparations. C'est un supplice de se croire condamné à ne plus revoir un visage qu'on hait et de rester avec la rougeur de son soufflet en désespérant de le rendre jamais.
Si un jour, ce qu'à Dieu ne plaise, on me condamne à me séparer de toi, je serai cruellement désœuvré.
Mourir sans avoir aimé, c'est mourir sans avoir vécu, et je veux vivre.
Quelle différence entre la gaieté et la joie ? — Eh ! cela se comprend. La joie est une gaieté sérieuse. La joie sourit, la gaieté rit ; la joie se tait souvent, la gaieté parle.
On est parfois gai pour ne pas être triste, comme ces cultivateurs qui allument des feux de joie dans leur champ pour le défendre contre la gelée.
Pour ce qui est de mes opinions politiques, je vous déclarerai franchement que je n'en ai point. Suis-je aristocrate ou démocrate ? Je n'en sais rien. Je ne pense qu'avec mon cœur, et mon cœur n'est d'aucun parti.
Les hommes qui ont fait de grandes choses, les hommes qui ont agité, remué, changé le monde, étaient tous de grands amoureux, avides et fiers de souffrir pour ce qu'ils aimaient.
Le monde entier est un vaste orchestre qui accompagne notre chanson et l'habille des plus magnifiques harmonies. Les choses ne sont plus des choses ; ce sont les témoins attendris de nos joies indéfinissables et des peines qui nous délectent. En quelque lieu que nous promenions nos rêves, nous sentons des regards qui tombent et s'arrêtent sur nous sans nous peser. Les étoiles sont des yeux d'or qui nous voient ; le ciel recueilli dans son repos est un silence infini qui nous écoute.
L'amour véritable, cet amour qui seul est complet, il met tout en commun, les destinées comme les sentiments, seul aussi il sait allier la dignité à la passion, et il est d'autant plus avide de dévouement qu'il est plus jaloux de ses droits.
Un amour réciproque est la seule excuse valable d'une union disproportionnée.
Une vieillesse sans rides est plus affreuse qu'une statue sans rides.
Il est des visages tannés et ridés semblables à un vieux parchemin où la vie a tracé des sentences que personne ne sait déchiffrer.
Rien n'est parfois plus utile dans ce monde que les choses qui ont l'air de ne servir à rien.
Un père ne croit jamais que la moitié de ce que son fils lui dit et que le quart de ce que lui dit sa fille.
Une jolie femme est une salade bien faite. Du moelleux et du haut goût, nous avons de l'un et de l'autre, et jamais le proverbe n'a dit plus vrai : Il y a de fines épices dans cette petite boite.
Il y a dans ce monde beaucoup de jolies filles, et souvent, pour en trouver une, il suffit de traverser la largeur d'une route.
Quand on est amoureux d'une étoile, on ne regarde pas les vers luisants.
Je suis bien le fils de mon père ; comme lui, je porte en moi deux âmes, deux imaginations, l'une amoureuse des grandes choses, l'autre affamée de jouissances, l'une qui rêve de hasards et d'héroïques entreprises, l'autre qu'un sourire de femme affole et qui trouve dans l'éclair d'une sensation de quoi faire le bonheur d'un dieu.
Mon papa, la vie lui pétille dans les veines, et on ne peut le toucher sans qu'elle jaillisse en étincelles.
Mon papa est à la fois mon idéal et mon camarade. Durant ses absences je ne vis qu'à moitié, j'attends son retour à la maison avec une fébrile impatience. Nous nous adorons l'un l'autre. Il me trouve charmant, je le trouve superbe. Ma mère prétend que nous formons à nous deux une société d'extase mutuelle. Sa prestance, ses airs de tête, ses attitudes de paladin, sa manière de relever le menton quand il rit, cette mousse de folie qui pétille dans ses yeux, le frémissement de ses narines, la frisure de sa moustache, ses étourdissantes cravates, je ne sais en vérité qu'admirer davantage.
J'ai passé dix-huit années de ma vie comme dans un rêve. Mon épouse est une femme unique à ses grâces, à sa gaieté d'oiseau, elle joint un grand cœur, une loyauté à toute épreuve, et des vertus qu'on ne s'avise guère d'aller chercher ailleurs.
Je suis heureux, et mon bonheur me suit partout, d'autant plus cher à mon cœur qu'il est plus secret, douce lumière qui luit pour moi seul. Je pense à cette femme que j'aime, et je pardonne aux ennuyeux ; je murmure tout bas son nom, et la sottise me divertit ; je crois la voir passer devant moi, et tout fardeau me devient léger.
Ah ! c'est une belle et grande chose que l'amour ; il a de bien autres ailes que toutes les fourmis ailées ; il nous emporte, quand il veut, au séjour de l'éternelle lumière, et la lumière est une bonne nourriture pour l'âme : la vie, la force, la joie, elle donne tout, chère délicieuse dont on ne se rassasie point.
Les grands poètes sont les éternels médiateurs entre l'âme des choses et nos faibles cœurs d'argile et de limon.
Qui est faible comme un vermisseau bien souvent par le fort sa faiblesse n'est pas respectée.
À force d'y prendre peine, l'habitude de mettre tout à sa place et de faire tout en son temps devient une seconde nature.
La force c'est la santé, la santé c'est le calme, et le calme est le don précieux que fait à un cœur bien réglé une raison mûrie par la réflexion et l'étude. Exercez et nourrissez votre esprit, et un jour vous sentirez vos reins s'affermir et les langueurs de votre poitrine défaillante subitement ranimées par un souffle fécondant. Si vous refusiez à votre intelligence l'aliment qu'elle réclame pour ne pas dépérir et s'éteindre ; si vous vous obstiniez à ne vivre que par le cœur ; si à force de haïr et d'aimer vous oubliez de penser et de réfléchir, alors, je le crains, vous seriez condamné pour toujours à de stériles agitations, à ces fièvres qui consument l'âme et à l'incurable impuissance de la volonté.
La vie à deux, deux cœurs liés l'un à l'autre par l'amour véritable ! Ils partagent ensemble la bonne et la mauvaise fortune, et seule la mort pour rompre leurs nœuds !
La vie est un grand combat, et malheur à qui n'est pas taillé pour ce combat ! Il n'y a pas de principe plus sacré que le droit du plus fort, car dans ce monde il n'y a d'évident que la force, et la sélection est la loi de la société comme de la nature.
Dieu, qui veut le bonheur de ses créatures, a donné le chien à l'aveugle et le repentir à l'étourdi.
Le vrai bonheur est de passer auprès de la personne aimée des journées entières qui s'écoulent comme des minutes. Qu'elle me parle ou qu'elle se taise, sa présence me suffit ; je ne rêve rien au-delà.
Les grandes joies inespérées rendent un cœur défiant.
L'homme n'est vraiment libre que lorsqu'il joue. Essayez en vain de soulever un rocher, vous vous sentez esclave ; qu'un enchantement centuple vos forces, et cette pierre qui vous résistait, vous la lancerez où il vous plaira ; vous avez reconquis votre liberté. C'est un miracle que notre imagination opère tous les jours. Le monde est une grande affaire, très épineuse, elle en fait un jeu.
Il est bon de se fier à Dieu et de ne pas se fier aux hommes.
On a beau ne pas se méfier, on ne se fie tout à fait qu'à soi-même.
On cherche quelquefois à tuer sa pensée comme on tue une bête malfaisante.
Il y a en ce monde plus d'épines que de roses.
On voit des dévots qui se dédommagent de leurs agenouillements en exerçant un despotisme assez dur sur tout ce qui les approche.
Les demi-croyants ne valent pas mieux que les incrédules.
Il y a des sceptiques qui s'affligent de l'être.
En amour comme en amitié, les trahisons ont un vilain visage.
Rien n'est plus égoïste que l'amitié des enfants, et rien n'est plus clairvoyant que leur égoïsme. Ils ont bientôt fait de tâter le pouls aux personnes qui les entourent, de savoir ce qu'ils en peuvent attendre. Leur jeune et ardente volonté ne voit en nous, tant que nous sommes, que des obstacles ou des jouets.
À vouloir rapetisser ce qui est grand, on risque de ne rapetisser que soi-même.
Les jeunes ont la tête vive et chaude, ils sont sujets à s'abuser sur leurs sentiments. L'amitié et l'amour sont pourtant deux choses si différentes ! Une femme ne doit jamais épouser un ami intime, parce que c'est une manière de le perdre, et les amis sont bons à garder.
La voix d'un fidèle ami est la plus harmonieuse de toutes les musiques.
En général, lorsqu'on perd sa femme, on la retrouve !
L'amour, c'est un grand bien, aucun plaisir n'est comparable à certains chatouillements du cœur.
L'amour est un choix et une préférence, rien d'autre.
Mon amour, tu es brune, mais belle comme la pudique violette, et je suis si épris de ton doux visage que je ne rougis pas d'être dans les fers d'une servante.
Il y a des injures inoubliables qui vous restent à jamais sur le cœur.
Dans tout amour il y a quelqu'un qui aime davantage et quelqu'un qui est plus aimé.
L'amour est fort peu de chose, on s'en passe très bien. On se moque souvent d'une amitié romanesque, mais l'amitié est le vrai roman, le seul où l'on n'ait jamais de mécompte.
La culture contribue à élever l'esprit, à raffiner les mœurs.
Paris est trop grand, les petites gens comme moi y sentent leur petitesse plus qu'ailleurs ; sans être fou d'orgueil, on n'aime pas à passer à l'état d'atome.
Quand je tiens la preuve pour faite, il n'y a pas à y revenir.
Il est d'un sage de savoir quelquefois suspendre son jugement.
Les chats, comme on sait, passent leur vie à se persuader tour à tour que leur queue n'est pas à eux, et ils la mordent, ou à se convaincre qu'elle est bien à eux, et ils lui témoignent les plus grands égards.
Que ceux qui ont fait des folies les digèrent !
On ne peut gouverner un pays ou une bicoque sans y faire un peu de police.
À tout péché miséricorde, ne soyons pas plus inexorables que Dieu.
Ce qui manque à certains hommes, c'est la faculté de vouloir et l'esprit de suite.
Dans la rivalité entre deux partis qui s'épient, chacun profite des fautes de l'autre.
L'artiste souvent oublie tout pour s'occuper de ce qui se passe dans les yeux d'un chat.
Il n'y a pas tant d'inégalité qu'on le croit entre les hommes. Tous ne peuvent-ils pas aimer, penser et croire ? Et qu'importe le reste ?
Pour ceux qui s'aiment, il ne peut y avoir qu'une seule véritable peine au monde. Ce n'est ni l'absence, ni la séparation, ni la distance, ni les entraves, ni la mort même à laquelle l'amour survit. Non, la seule véritable peine, ce serait de ne plus s'aimer.
Il est si difficile de savoir ce qu'il faut vouloir qu'il est presque consolant de penser que ce que nous voudrions arrive si rarement.
Lorsqu'on est jeune, c'est soi que l'on cherche avant tout ; c'est sa propre image que l'on voit dans tous les miroirs ; c'est à son unique personne que l'on rapporte toutes les choses, mais peu à peu l'égoïsme se calme ; on sort de soi, on voit tout dans un autre. Alors la vie perd cette âpreté inquiète de la personnalité. Elle se revêt d'un immense intérêt. En dehors du centre étroit du moi, s'ouvrent les grands horizons et les larges espaces. C'est l'amour, c'est le bonheur.
J'aime mieux rien que tout ce qui n'est pas ce que j'aime.
Il faut savoir taire son bonheur pour ne pas l'éventer.
L'indulgence n'est autre chose que l'incessant pardon de tout ce qui nous déplaît et nous blesse.
Il est plus facile de pardonner que d'oublier.