L'amour fait de ce monde un paradis ; et le paradis même sans amour ne serait pas paradis ; car où il n'y a pas d'amour il y a de la crainte ; mais la parfaite charité bannit la crainte ; et cependant il est naturel que nous craignions le plus d'offenser ceux que nous aimons le plus. Enfin, la charité est l'amour de Dieu, et de nos frères, et en ce sens, elle élève l'âme au-dessus de toutes considérations terrestres ; elle donne un avant-goût du paradis sur la terre ; et en fait un véritable paradis pour ceux qui font vraiment charitables,a écrit William Penn. (Extrait : Les fruits de la solitude, livre publié en 1682.) Autre citation de William Penn :
Le manque de réflexion est la cause de tous les malheurs que l'homme s'attire, car chez lui rarement la seconde idée s'accorde avec la première. Ce qui prouve qu'il a souvent lieu de changer ou de corriger les premières ; c'est une leçon qu'il se donne souvent à lui-même, et qui malgré cela, suffit rarement, pour lui apprendre à se conduire par la suite avec précaution.(Extrait : Les fruits de la solitude, livre publié en 1682.)
Défie-toi toujours de celui dont tu vois plus de voile que de lest.
Il est plus facile de blâmer les malheureux que de leur venir en aide.
À défaut de savoir-faire, l'esprit ne nous manque point pour critiquer.
Ceux qui cherchent à paraître plus qu'ils ne sont donnent à autrui des espérances auxquelles ils ne sauraient répondre : leur prétendu mérite s'évanouit dès qu'on s'en aperçoit.
Ne cherche point à fixer sur toi les regards des hommes, et ils en verront moins tes faiblesses.
Si nous attachons trop d'importance à de petites choses, elles nous donneront autant d'inquiétude que si elles en valaient la peine.
Notre inquiétude doit être proportionnée à l'importance du sujet qui nous occupe, et nous ne devons jamais passer les bornes de la raison, pour défendre une chose que nous croyons raisonnable.
L'humilité et la sagesse, quoique mal vêtues, sont à préférer à la vanité et à l'ignorance, quelque richement vêtues qu'elles soient.
Ne fais jamais essai de ton savoir-faire dans les cas hasardeux ou dangereux.
La précipitation nous taille souvent de l'ouvrage que la précaution aurait pu prévenir.
Ne te permets de reproches qu'envers l'ingratitude.
Si tu reçois une injure, que cela ne te pousse pas à en commettre.
Ne raille ni n'insulte ; l'un est incivil, l'autre annonce du mépris, l'un et l'autre est blâmable.
Les hommes aiment à dépriser ce qu'ils ne veulent pas imiter.
Ne te forges point des entraves à toi-même, mais conserves ta liberté tandis que tu l'as.
Ne promets pas souvent, mais ne manque jamais de tenir, si tu le peux légitiment.
Il faut fermer les yeux sur bien des choses quand on aime le repos.
L'esprit est un tour heureux par lequel on exprime une pensée d'une manière frappante.
Garde tes secrets toi-même, et personne ne les révélera.
Si tu es obligé de parler, dis la vérité ; car l'équivoque mène au mensonge, comme le mensonge mène à l'enfer.
Le plus grand service qu'on puisse rendre à la raison, c'est de la présenter de sang-froid ; et ceux qui défendent la vérité avec trop de chaleur, lui font souvent plus de tort que ses adversaires mêmes.
Ne te rend intime qu'avec très peu de gens, et prends garde avec qui.
En fait d'amitié, nous devons donner la préférence à nos parents, nous devons aussi en fait de charité leur donner la préférence, lorsqu'ils ont aussi grand besoin de secours, et qu'ils le méritent également.
Si tu choisis un ami, que ce soit comme une femme, pour la vie.
Un véritable ami s'ouvre avec franchise, il est juste dans les conseils qu'il donne, prompt à rendre service ; s'il faut qu'il s'expose, il le fait hardiment, il souffre tout patiemment, il défend toujours son ami avec courage.
Entre mari et femme il ne doit y avoir d'autres règles que l'amour et le respect.
Choisis une femme qui ne connaisse de sureté, de satisfaction, de danger, qu'où il y en aura pour toi, dont tu sois aussi sûr que de tes pensées les plus secrètes, et qui, suivant le sens naturel du mot, soit ton amie aussi bien que ton épouse ; car celle-là n'est épouse qu'à demi, qui n'est pas en même temps femme et amie, ou qui n'est pas capable de l'être.
L'avare n'a ni Dieu, ni femme, ni ami, l'or lui tient lieu de tout.
II n'est point de monstre qu'on puisse comparer à la soif de l'or, elle est la source de tous vices.
Ceux qui se marient par intérêt ne sauraient se trouver heureux dans le mariage ; le principal ingrédient, l'amour, y manque.
La différence entre l'amour et la passion, c'est que l'un est fixé et l'autre changeante ; l'un s'augmente et l'autre s'affaiblit par la jouissance ; et la raison, c'est que l'un naît de l'union des âmes, et l'autre de la passion des sens.
Que la jouissance augmente et ne diminue point ton affection ; car il n'est point de passion plus basse, que d'aimer un objet quand on ne l'a pas, et de le mépriser quand on le possède.
Ne te marie jamais que par amour, mais aie soin de n'aimer que ce qui mérite de l'être.
Ne presse jamais un autre de faire ce que tu ne voudrais pas faire toi-même, et ne fais point ce qui te paraît mal-à propos ou intempérant chez les autres.
Ne bois jamais fans soif, et évite si tu peux de boire entre les repas, quand même tu aurais soif.
Si tu veux toujours te remettre à table avec appétit, quitte-la toujours avant de l'avoir tout à fait perdu.
Assez vaut un festin.
II y a bien des gens pour qui c'est un malheur d'être riches ; l'homme de plaisir prodigue ses richesses, l'avare entasse ; mais il n'y a que l'homme de bien qui sache en faire un bon usage, et il est rare qu'il se rencontre parmi ceux qui sont dans la prospérité.
L'ambition est la pire de toutes les maladies ; l'ambitieux demande toujours, il n'a jamais assez.
Ne te surcharge pas d'affaires, et conduis les toi-même ; fais aux autres ce que tu voudrais qu'ils te fissent, et tu ne saurais manquer d'être heureux dans ce monde.
Quand tu choisis tes vêtements juge par tes propres yeux, non par ceux d'autrui ; plus ils seront unis et simples, ce sera le mieux ; cependant qu'ils n'aient l'air, ni gauche, ni étrange ; vise à la commodité et à la décence, mais point à la vanité.
Ce qui distingue l'homme de la bête, c'est la raison ; et l'homme ivre est si éloigné d'en avoir !
Différer de rendre justice est une injustice.
Les grands arbres sont exposés aux coups de vent ; les ambitieux aux revers de fortune.
Si l'on voulait disputer sur tout ce qui peut donner lieu à des disputes, on n'en finirait pas.
Mange pour vivre, et ne vis pas pour manger ; l'un est d'un homme, l'autre est au-dessous de la bête.
Aime le travail, car même en supposant que tu n'aies pas besoin de travailler pour vivre, tu t'en porteras mieux ; le travail n'est pas moins salutaire à l'âme qu'au corps : Il prévient les mauvais effets de l'oisiveté, qui ne vient souvent que de ce qu'on n'a rien à faire, et mène souvent les gens à faire pire que s'ils ne faisaient rien.
La frugalité sans libéralité est le premier pas vers l'avarice ; et la libéralité sans frugalité est le premier pas vers la prodigalité. Les deux réunies forment un caractère excellent : heureux le lieu où se trouve un pareil assemblage !
Un homme ivre n'est plus un homme, car rien ne distingue l'homme de la bête que la raison.