Le bonheur d'être aimé consiste moins dans la possession d'un cœur qui se donne, que dans la surprise douteuse, inquiète et graduée des secrets d'un cœur qui se défend. Les rencontres que l'on se ménage, les regards tristes et doux que l'on dérobe, le frémissement d'une main palpitante qu’on a souvent effleurée d'une main timide avant d'oser la saisir : Voilà ses suprêmes voluptés !
Amour ! Désir inné ! Âme de la nature ! Principe inépuisable d'existence ! Puissance souveraine qui peut tout et contre laquelle rien ne peut, par qui tout agit, tout respire et tout se renouvelle ! Divine flamme ! Germe de perpétuité répandu dans tout avec le souffle de la vie ! Précieux sentiment qui peut seul adoucir les cœurs féroces et glacés, en les pénétrant d'une douce chaleur ! Cause première de tout bien, de toute société, qui réunit sans contrainte et par tes seuls attraits les natures sauvages et dispersées ! Source unique et féconde de tous plaisirs, de toute volupté ! Amour ! Comment ne t'aurait-on pas divinisé !
L'amour est comme les liqueurs fortes pour ceux qui les aiment ; ils ont beau dire qu'elles les tuent, ils y reviennent. La raison a si peu de force dans ces occasions qu'on pourrait la laisser de côté. Elle ne sert à rien pour modérer nos passions et pour réprimer nos désirs. Tout ce qui regarde les plaisirs et les sens n'a rien à démêler avec la raison. C'est l'ennemie décidée du cœur !
Il n'y a rien de borné dans l'amour que pour les âmes bornées.
La femme comprend tout par l'amour ; quand elle n'entend pas, elle sent ; quand elle ne sent pas, elle voit ; quand elle ne voit, ni ne sent, ni n'entend, eh ! bien, cet ange de la terre vous devine pour vous protéger, et cache ses protections sous la grâce de l'amour.
L'amour est le plus beau des sentiments, il fait fleurir la vie dans l'âme, il épanouit par sa puissance solaire les plus belles inspirations et leurs grandes pensées ; les prémices en toute chose ont une délicieuse saveur.
L'amour est dans les espaces infinis de l'âme comme est dans une belle vallée le grand fleuve où se rendent les pluies, les ruisseaux et les torrents, où tombent les arbres et les fleurs, les graviers du bord et les plus élevés quartiers de roc ; il s'agrandit aussi bien par les orages que par le lent tribut des claires fontaines.
Dans la vie morale, aussi bien que dans la vie physique, il existe une aspiration et une respiration ; l'âme a besoin d'absorber les sentiments d'une autre âme, de se les assimiler pour les lui restituer plus riches. Sans ce beau phénomène humain, point de vie au cœur ; l'air lui manque, il souffre et dépérit.
L'amour est un fruit de toutes les saisons, de toutes les époques et à la portée de tous.
L'amour, comme l'amitié, se nourrit seulement de surmonter, de pardonner et de permettre.
Ne dis jamais à l'amour plus tard ; l'avenir est fait de hasards, c'est aujourd'hui qu'il faut cueillir, ce que demain viendra flétrir.
Le pardon donné et reçu fait grandir l'amour et donne à notre cœur une joie incomparable.
Pour bien écrire le mot amour, il y faudrait plus d'encre qu'il n'y a au monde.
L'amour est un faux-monnayeur qui change continuellement les gros sous en louis d'or.
L'amour est un vin qui a besoin d'être goûté dans une coupe d'or.
Un regard, un mot, un sourire pour ceux qui s'aiment, voilà ce qu'est le bonheur !
Le véritable amour est éternel, infini, toujours semblable à lui-même ; il est égal et pur, sans démonstrations violentes ; il se voit en cheveux blancs toujours jeune de cœur.
Le plus joli, pour des gens qui s'aiment, ce n'est pas seulement de s'aimer, c'est de se le dire.
L'amour, c'est la conscience du plaisir donné et reçu, la certitude de le donner et de le recevoir.
On ne recourt pas au divorce pour un adultère minable quand on s'entend à la perfection !
Pour aimer il faut un cœur, pour consoler il faut une âme et un cœur.
J'aime ou je n'aime pas ; mais si j'aime, c'est sans réserve.
Aimer est la seule activité qui fasse de nous des mieux que nous.
L'amour pour certaines âmes ne s'essaye pas : ou il est, ou il n'est pas. Quand il se montre, quand il se lève, il est tout entier.
Il est des plaisirs qui ne vont pas sans un peu de pudeur effarouchée, délicieuses émotions que le cœur le plus chaste voudrait toujours voiler. Plus une femme est délicate, plus elle veut cacher les joies de son âme. Beaucoup de femmes, inconcevables dans leurs divins caprices, souhaitent souvent entendre prononcer par tout le monde un nom que parfois elles désireraient ensevelir dans leur cœur.
L'amour fait son profit de tout. Rien ne séduit plus un jeune homme que de jouer le rôle d'un bon génie auprès d'une femme. Il y a je ne sais quoi de romanesque dans cette entreprise qui sied aux âmes exaltées. N'est-ce pas le dévouement le plus étendu, sous la forme la plus élevée, la plus gracieuse ? N'y a-t-il pas quelque grandeur à savoir que l'on aime assez pour aimer encore là où l'amour des autres s'éteint et meurt ?
La beauté, sans doute, est la signature du maître sur l'œuvre où il a empreint son âme ; c'est la divinité qui se manifeste, et la voir là où elle n'est pas, la créer par la puissance d'un regard enchanté, n'est-ce point le dernier mot de l'amour ?
Dans le doux voyage que deux êtres amoureux entreprennent à travers les belles contrées de l'amour, ce moment est comme une lande à traverser, une lande sans bruyère, alternativement humide et chaude, pleine de sables ardents, coupée par des marais, et qui mène aux riants bocages vêtus de roses où se déploient l'amour, et son cortège de plaisirs sur des tapis de fine verdure.
Qu'est l'amour ? Ah ! Prêt à le nommer, ma bouche, en le niant, craindrait de blasphémer. Lui seul est au-dessus de tout mot qui l'exprime ; éclair brillant et pur du feu qui nous anime, inextinguible flamme, l'amour est, il serait tout, s'il ne devait finir, si le cœur d'un mortel pouvait le contenir ; ou si, semblable au feu dont Dieu fit son emblème, sa flamme en s'exhalant ne l'étouffait lui-même.
Il y a une justice à rendre à l'amour, c'est que plus les motifs qui le combattent sont forts, clairs, simples, irrécusables, en un mot, moins il a le sens commun, plus la passion s'irrite et plus on aime. C'est une belle chose sous le ciel que cette déraison du cœur ; sans elle nous ne vaudrions pas grand-chose.