Défie-toi du noble que tu auras méprisé, du sol avec qui tu auras joué, du savant que tu auras attaqué, du méchant avec qui tu auras lié amitié.
La prudence, la fermeté de l'âme et la tempérance ne suffisent pas à notre bonheur individuel. Il faut y joindre la modestie, l'amour du travail, et une noble émulation.
Garde-toi de te vanter de ta sagesse, et de te glorifier de tes connaissances. Le premier pas vers la sagesse est de savoir que tu es ignorant ; et si tu ne veux passer dans l'esprit des autres pour un insensé, n'aie pas la folie de paraître sage dans ta propre opinion.
Tout ce qui fait le bonheur sur la terre, c'est la sagesse, la paix de l'âme et la santé. Si tu possèdes ces biens, et que tu veuilles les conserver jusques dans la vieillesse, résiste aux attraits de la volupté, et fuis ses tentations.
Le sage demeure ferme comme un rocher dans la mer, et le choc des vagues ne l'ébranle pas.
La tranquillité du sage allège le poids de ses malheurs, et il les surmonte par sa constance.
Un homme dont le nom n'est point flétri par le dédain est toujours vêtu noblement.
Trois choses dont on ne peut s'assurer qu'en trois circonstances : le courage ne se connaît que dans un combat, la sagesse que quand on est offensé, l'amitié que dans le besoin.
Mieux vaut gagner sa vie à porter des fardeaux que la prospérité due à une servitude.
Il a tout lu, il a tout appris, il a tout pratiqué, celui qui a renoncé aux désirs et qui vit sans espérer.
On parvient difficilement à vaincre son instinct naturel ; faites un chien roi, il n'en rongera pas moins les chaussures.
Si le feu était froid, si la lune avait la propriété de brûler, alors ici-bas le naturel des mortels pourrait être changé.
Si le bélier recule, c'est pour attaquer ; le lion même se contracte de colère pour s'élancer.
Avec celui dont on ne connaît pas la force, ni la famille, ni la conduite, il ne faut pas faire de liaison.
Le diable même a besoin d'un compagnon.
Quiconque ici-bas n'a pas d'amis ne surmonte pas le malheur.
Il n'y a pas de porte mais seulement une petite fenêtre qui ouvre sur un vaste monde.
L'insensé se fait reconnaître à ces six caractères : il se fâche sans sujet ; il parle à propos de rien ; il se fie au premier venu ; il fait des échanges sans besoin ; il n'a de désir que pour ce qui n'est pas à lui, et ne sait point distinguer son ami de son ennemi.
Un pauvre sans patience est une lampe sans huile.
Un sage indigent vaut mieux qu'un riche impertinent.
Il faut toujours se défier d'un homme qui ne sait ni sympathiser ni confondre son cœur avec un cœur candide et aimant.
Le premier degré de la colère, c'est la folie ; le dernier, c'est le repentir.
Quiconque est sage et savant à ses propres yeux n'est qu'un ignorant aux yeux de Dieu et des hommes.
Le secret pour avoir moins à se repentir, quel est-il ? De faire le moins de fautes possible.
N'espérez pas recueillir où vous n'avez pas moissonné.
Le jour de demain deviendra bientôt le jour d'hier.
Une nourrice qui nous aime vaut mieux qu'une mère qui nous dédaigne.
Le cœur de l'envieux n'est que fiel et qu'amertume ; sa langue distille le venin ; les succès de son voisin troublent son repos.
Mieux vaut se quereller avec ses beaux-parents qu'avec ses voisins.
L'homme heureux est celui qui bannit la paresse chez lui, et qui dit à l'oisiveté : tu es mon ennemie.
Un coup de langue est plus dangereux qu'un faux pas, car c'est la tête qui paie les intérêts d'une indiscrétion, et le pied seul est puni d'une fausse démarche.
On n'est pas brave pour avoir une peau de tigre.
Voulez-vous être le censeur des autres ? Commencez par l'être de vous-même.
Le savant est dans sa patrie ce que l'or est dans le creuset qui l'épure.
Que celui qui doit parcourir cent milles considère quatre vingt dix comme la moitié.
Celui qui a mangé une minuscule graine de moutarde en connaît mieux la saveur que ceux qui en voient passer des charges d'éléphants.
Ne pas commencer les choses est le premier signe d'intelligence ; mener à fin ce qui est commencé est le second signe d'intelligence.
Le sage qui comprend le caractère d'un homme en l'abordant se rend bientôt maître de lui.
Il faut se concilier l'avare par l'argent ; l'homme sévère par la soumission ; l'ignorant par la douceur, et l'homme instruit par la franchise.
L'homme qui désire pour lui prospérité, longue vie et bonheur ne doit se fier à personne.
L'avarice est la mère des mauvaises actions ; la frugalité est la sûre gardienne de nos vertus.
La sincérité, l'empire sur les sens, les austérités, les dons, l'absence d'injures envers autrui, la constante pratique du devoir, voilà ce qui constitue notre valeur ; peu importe notre caste et notre origine.
Chez les uns, la sagesse est dans la parole, comme chez le perroquet ; chez les autres, dans le cœur, comme chez le muet : chez d'autres, elle est également dans le cœur et dans la parole.
Écoutez ce qui constitue l'essence de la vertu, et quand vous l'aurez entendu, méditez-le : ce qui est contraire à soi-même, qu'on ne le fasse pas aux autres.
On ne peut venir à bout des femmes ni par la force, ni par les préceptes : ce sont des êtres tout à fait indomptables.
Le contentement est la plus grande richesse de l'homme.
Le naturel l'emporte sur toutes les qualités, et se place à leur tête.
Le naturel ne peut être changé par des conseils ; l'eau, même très chaude, redevient froide.
L'homme, en pensant même à la destinée, ne doit pas cesser de faire des efforts. Sans efforts on ne peut tirer de l'huile de la graine de sésame.
On peut tomber du haut d'une montagne, plonger dans l'océan, se jeter dans le feu, et jouer même avec des serpents, mais on ne meurt jamais avant son heure.
Le destin écrit sur notre front une ligne composée d'une rangée de lettres ; le plus savant même, avec son intelligence, ne peut l'effacer.
Ce qui ne doit pas arriver n'arrive pas, et si une chose doit arriver, il ne peut pas en être autrement.
Paie exactement tes dettes ; qui t'a donné crédit compte sur ta parole, ce serait injustice de le tromper.
L'arrogant dévore les louanges, et le flatteur vit à ses dépens.
L'homme arrogant rejette le jugement des autres, et n'agît que d'après le sien.
Considère l'homme vain, et observe l'arrogant : il se couvre de riches habillements, se montre dans les lieux les plus fréquentés, y promène ses regards de tous côtés, pour attirer sur lui, s'il était possible, tous ceux de la foule qui l'entoure.
L'homme vain et arrogant regarde avec dédain le malheureux, il traite ses inférieurs avec insolence ; mais ceux qui lui sont supérieurs paient du mépris son pauvre orgueil et sa vanité, et rient de sa folie.
Paie exactement tes dettes, car celui qui t'a prêté a compté sur ta bonne foi, et il est injuste et bas de retenir ce qui lui est dû.
Que les liens de l'affection vous attachent à vos frères, afin que la paix, qui produit tous les biens, se conserve dans la maison paternelle. Quand vous vous séparerez dans le monde, souvenez-vous que la parenté qui vous lie, exige de vous un amour et une union réciproques, et ne préférez pas un étranger à votre propre sang.
Si ton frère est dans l'adversité, assiste-le ; si ta sœur a des soucis, ne l'abandonne pas.
Un grand parleur est incommode à la société, le torrent de ses paroles engloutit la conversation.
Ne te borne pas à ne point faire aux autres d'injustice ; fais encore pour eux ce que tu voudrais qu'ils fissent pour toi.
Qui t'a donné crédit compte sur ta parole ; tient ta promesse, le tromper serait bassesse.
Quand tu vends pour gagner, écoute la voix de ta conscience, et sois satisfait d'un gain modéré : ne tire pas avantage de l'ignorance de l'acheteur.
Sois fidèle à ta parole, et ne trompe pas celui qui compte sur toi.
Conduis tes affaires avec droiture et équité.
Si tu sens le malaise, la source en est presque toujours dans ta folie, dans ton orgueil et dans ton imagination égarée.
N'envie à qui que ce soit le bonheur apparent dont il jouit, tu ne connais pas ses peines secrètes.
La vigilance chasse la misère ; la prospérité et le succès accompagnent l'industrie.
La joie que promet la volupté se change en tristesse ; ses plaisirs conduisent aux maladies et à la mort.
Que tes amusements ne soient pas dispendieux, de peur que tu ne paies un jour le plaisir par la douleur.
La faiblesse de l'homme sans vertu le livre à la honte.
La lune ne brille jamais plus qu'au milieu des ténèbres.
Les grands fleuves, les gros arbres, les plantes salutaires et les gens de bien ne naissent pas pour eux-mêmes, mais pour rendre service aux autres.
L'homme qui se justifie prouve à son délateur qu'il est ou calomniateur, ou au moins indiscret ; mais ce n'est point à l'accusé à le dire, c'est aux juges à le penser.
Il y a des mets qu'on refuse par gourmandise ; il est des honneurs qu'on refuse par ambition.