À l'étoile polaire, astre fidèle et pur.

Titre : À l'étoile polaire.

Recueil : Les poésies et sonnets d'un voyageur (1844)
Sur les mers je t'ai vue un jour que le soleil
Avait fui de nos yeux et trompé notre attente ;
Tu parus vers le soir à l'horizon vermeil,
Et ta clarté guida notre barque flottante.

Dans le Nord je t'ai vue au milieu des hivers,
Surgir pendant la nuit après une tempête ;
Tes rayons scintillaient au haut des sapins verts,
Le voyageur vers eux levait, joyeux, la tête.

Salut à toi, salut, étoile, astre fidèle et pur !
Ta lumière ressemble à ces amitiés saintes
Qui se cachent parfois en nos heures d'azur,
Et reviennent à nous en entendant nos plaintes.

Ta lumière ressemble à l'œil providentiel
Qui, sans être aperçu, veille sur notre route,
Et quand nous nous courbons sous un destin cruel,
Jette un rayon céleste au sein de notre doute.

Oh ! viens ! viens de nouveau, tandis que je poursuis
Mon chemin isolé vers un horizon sombre,
Laisse-moi te revoir dans le calme des nuits,
Laisse-moi contempler ton doux flambeau dans l'ombre.

Hélas ! il est des cœurs fermés à l'avenir
Qui de bonne heure ont vu fuir leur soleil rapide,
Qui, trompés dans leur but, froissés dans leur désir,
Vacillent au hasard sans boussole et sans guide.

Pour eux, l'illusion avec ses ailes d'or,
L'amour et le printemps, tout est couvert d'un voile ;
Après leur triste épreuve, heureux s'ils ont encor
Dans leur vie un espoir, dans leur ciel une étoile.

Xavier Marmier (1808-1892)
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