Il faut aimer, de Charles Augustin Sainte-Beuve.
Titre : Il faut aimer quand le feu couve.
Recueil : Les poésies complètes (1845)
Amie, il faut aimer quand le feu couve encore
Et qu'une main fidèle en refait les apprêts ;
Il faut rendre à l'autel ce qui tout bas dévore
Et qu'on regrette après.
Il faut aimer tandis que l'âme endolorie
N'a laissé qu'un éclair au front inaltéré,
Et qu'à de jeunes yeux l'amant soumis s'écrie :
« Par toi je revivrai ! »
Amie, il faut aimer pour qu'à l'heure où tout passe,
À l'âge où toutes fleurs quitteront le chemin,
Dans les landes du soir, en entrant, tête basse,
Nous nous serrions la main.
Il faut aimer pour l'heure où les suprêmes transes
Dans un sein qui se brise éteindront les soupirs :
Le dernier nous rendra toutes les espérances
Et tous les souvenirs !
Charles Augustin Sainte-Beuve