Les grands chênes, de Jacques Villebrune.

Titre : La chanson des chênes.

Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
Oh ! non, ne prenez pas le bois de vos grands chênes,
Hommes vains, pour dresser vos échafauds sanglants,
Nous sommes des forêts les hôtes bienveillants,
Les arbres des amours, non les spectres des haines.

Les zéphyrs amoureux nous soufflent leurs haleines,
La fleur sème à nos pieds ses tapis scintillants,
Notre front pur se baigne aux ciels étincelants,
La fauvette nous conte ou sa joie ou ses peines.

Pour ce sombre échafaud, prenez plutôt le fer,
Le fer qui croît dans l'ombre et qui vient de l'enfer,
Une rouge couleur ensanglante ses veines :

Le fer dur et cruel donne partout la mort ;
Hommes, prenez le fer, et laissez les grands chênes,
Doux songeurs, s'endormir dans les beaux couchants d'or.

Jacques Villebrune
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