Titre : La mer et le vent du large.
Recueil : Les poèmes de Provence (1874)
La falaise s'effondre et s'affaisse ; un vieux chêne
Tortueux se cramponne à son flanc crevassé,
Et, faible, il pend, d'un long effort enfin lassé,
Prêt à choir quand le vent du large se déchaîne ;
Une blanche mouette, un moment incertaine,
Tombe des cieux aux flots comme un oiseau blessé ;
Dans les galets, en bas, sur sa quille dressé,
Un bateau frêle incline en avant sa carène.
Ainsi : — le sol croulant, l'arbre et l'oiseau, l'esquif
Au penchant de la plage à grande peine captif,
On croirait que tout cède à la loi du vertige,
Et que, pour l'engloutir malgré l'éloignement,
Par un mystérieux et souverain prestige
La mer attire tout vers elle lentement.
Jean Aicard (1848-1921)