Titre : La mer indolente à Nice.
Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
Comme les peuples vains qui bordent ton rivage,
Le flux et le reflux, inutiles travaux,
Consument tous tes jours, océan sans repos,
Et tu fais sans salaire un inutile ouvrage.
La mer où nous vivons, plus heureuse et plus sage,
A des rêves sans fin abandonne ses eaux,
Et fait, sous le beau ciel qui caresse ses flots,
Une sieste éternelle en sa paisible plage.
Et moi je veux aussi dans ces bleus paradis
Apprendre la douceur des longs soirs attiédis,
Savourer ton loisir, ô Méditerranée :
Amoureux comme toi du calme souverain,
Que n'ai-je en ton azur, pour douce destinée,
De voir couler mes jours en un ennui serein ?
Jacques Villebrune