Titre : La mort qui frappe à chaque porte.
Recueil : Les sonnets et poésies choisies (1878)
Je suis celle qui frappe un jour à chaque porte :
Pour l'un, un peu plus tôt ; pour l'autre, un peu plus tard ;
Je guéris tous les maux ; le repos, je l'apporte ;
Je compte les instants dont chacun a sa part...
Chez les vivants, toujours, qu'on arrive ou qu'on sorte ;
Que l'on soit un enfant, ou qu'on soit un vieillard ;
Moi, l'on ne m'attend pas... — Il en résulte, en sorte,
Que rarement on songe à l'heure du départ...
Pourquoi pleurer ceux-là que de ma faux je touche ?
Je suis bonne, et je sais de fleurs couvrir la couche
De l'homme dont j'éteins ici-bas le flambeau...
Seule, je mets un terme aux douleurs de la terre !
À qui souffre et gémit, j'ouvre la voie austère
Où l'on trouve la paix à l'ombre du tombeau ! —
Clément Michaëls