Titre : La mouette légère et la mer.
Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
La mouette légère, aux surfaces des ondes,
Dessine en se jouant de sinueux sillons,
Et flotte sur les mers en vagues tourbillons,
Dans des reflets d'argent, ou des lumières blondes.
Elle rase en glissant le sein des eaux profondes,
Et boit, philtres subtils, leurs émanations,
Et dans l'or scintillant des mobiles rayons,
S'abandonne aux douceurs des lumineuses rondes.
La tempête la berce et dilate son cœur,
La houle, en l'emportant, lui prête sa vigueur
Et trempe en l'air salin les aciers de son aile.
La mouette se réjouit au sein des flots amers,
Et bienheureux celui qui peut planer, comme elle,
Sur l'infini des monts ou des crêtes des mers.
Jacques Villebrune