Titre : La grande voix des mers et des océans.
Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
J'écoutais, sur tes bords, Océan Atlantique,
La grande voix des mers qui chante dans la nuit,
Chant immense, éternel, plein d'un sublime ennui,
Et scandé largement, ainsi qu'un hymne antique.
Il semblait, à la fois, classique et romantique,
Tantôt éclair étrange où Shakespeare reluit,
Tantôt lugubre chœur par Eschyle conduit ;
Job y mêle parfois son farouche cantique.
Écoute, c'est la voix des morts qui pleure au soir,
Leurs colères, leurs cris amers, leur désespoir ;
Tout monte dans le ciel, ainsi qu'une harmonie :
Et j'ai compris l'esprit de l'immense univers,
De ses mille douleurs la douceur infinie
Qui monte dans l'azur comme la voix des mers.
Jacques Villebrune