Le bonheur c'est l'espoir, de Sophie Ballyat.

Titre : Le bonheur c'est l'espoir.

Recueil : Les poèmes et sonnets du Mont-d'Or (1851)
Le regard ne lit pas dans le fond des pensées ;
C'est là que le chagrin, le remords, le dégoût
Placent leur trône affreux. Combien d'âmes blessées
À qui l'on dit : Fortune, honneurs, vous avez tout ;

Et naissance et plaisirs, tout vous rit en ce monde.
Qui sait les pleurs amers qu'ils ont pourtant versés
Ces prétendus heureux ? Une douleur profonde
Les mine sourdement, leurs cours en sont froissés ;

L'un a soif des plaisirs, et dans sa frénésie :
Encor, encor, dit-il ; et bientôt rebuté
Il chancelle en tenant la coupe d'ambroisie,
N'y trouvant qu'amertume au lieu de volupté.

L'autre, esclave avili des gloires de la terre,
Obligé de ramper pour s'élever un jour,
Devient de la grandeur le lâche tributaire,
Et pense qu'il sera bientôt grand à son tour.

Un troisième aime l'or, il l'entasse sans honte ;
Oubliant son vrai prix, il n'en donne jamais ;
D'un vil avide et sec le compte et le recompte ;
Mais l'or ne rend heureux qu'en servant aux bienfaits.

Cependant, Dieu l'a dit, celui dont le visage
Est sillonné de pleurs qui sans cesse ont coulé,
Qui, pauvre, sans soutien, loin d'un monde volage
Vit oublié, sera par le ciel consolé.

C'est l'heureux véritable et celui que j'envie.
Des fatigues du jour nous repose le soir :
Du matin au couchant quand s'écoule la vie,
Attendons le repos, le bonheur c'est l'espoir.

Sophie Ballyat
Précédent Accueil Suivant
Top