Titre : Le lion en sa cage de fer.
Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
Étroitement cerclé par la barre invincible,
Le lion se promène en sa cage de fer,
Et tourne incessamment, mélancolique et fier,
Tantôt morne, tantôt rugissant ou paisible.
Aux humaines clameurs il demeure insensible,
Il n'entend pas l'insulte ou le sarcasme amer ;
Loin des foules, son cœur vit au fond du désert,
Toujours ses yeux profonds plongent dans l'invisible ;
Toujours il voit passer dans ses regards de feu,
Ces grands déserts sans fin qu'a faits la main de Dieu,
Et le blanc Sahara à la mobile arène :
Tel, contemplant le vaste ciel, triste banni,
Dans la cage du corps, sans cesse se démène
Mon âme, ce lion de l'immense infini.
Jacques Villebrune