Titre : Le mois de novembre.
Recueil : Les sonnets et poésies choisies (1878)
Sans chaleur le soleil, lorsque le soir arrive,
Plus tôt à l'horizon efface ses clartés :
La brise, qui gémit en passant sur la rive,
Réveille les échos pour longtemps attristés.
La fleur aux doux parfums voit ses couleurs ternies ;
L'oiseau tait ses chansons sous les verts églantiers ;
Des monts descend le pâtre, et les feuilles jaunies
Roulent en tourbillons dans le creux des sentiers.
Le pampre festonné ne courbe plus les treilles ;
Les champs ont vu tomber les blés aux épis d'or ;
Loin des ruches, dans l'air, les fécondes abeilles
En essaims bourdonnants ne prennent plus l'essor.
Sur les bois, dépouillés de leur verte ramure,
Viennent en croassant s'abattre les corbeaux ;
Le vent du nord se lève, et porte son murmure
Dans les sapins plantés autour des vieux tombeaux.
Mon âme est triste aussi... — Courbé, par la souffrance,
Mon front s'est incliné sous un fardeau pesant :
Pour raviver mon cœur, nul rayon d'espérance,
Du ciel, sombre et voilé, jusqu'à moi ne descend.
Clément Michaëls