Titre : Le palmier nain se pavane.
Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
Le palmier nain, dans les fins salons, se pavane
Étalant les splendeurs de son vert éventail,
Effilé, svelte, et d'un minutieux travail,
Et semblant tout brodé de frêle filigrane.
On dirait un nain rare, autour d'une sultane,
Triomphante, passant en pompeux attirail,
Pour, sans fin, rafraîchir ses pâleurs de sérail,
Agitant mollement l'éventail diaphane.
Il évoque à mes yeux un vol d'oiseaux vermeils,
Des couchants infinis empourprés de soleils,
Des ors bariolés sur le croissant des tentes ;
Des Moresques au front constellé de sequins,
Des horizons d'Asie aux cités éclatantes,
Des reines du désert sur leurs hauts palanquins.
Jacques Villebrune