Titre : J'aime à regarder les navires à voiles.
Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
Que j'aime à regarder les navires à voiles
Qui flottent dans l'azur à l'horizon lointain !
Tel qu'un arbre incliné, l'un se penche incertain,
Un autre ouvre, pompeux, toutes ses grandes toiles ;
L'un se perd lentement comme en de brumeux voiles,
Un autre, à la fois, naît et meurt, fantôme vain,
D'autres, d'un vague vol, luisent au ciel éteint,
Léger chœur blanchissant de dansantes étoiles.
Ces grands oiseaux de mer, immenses et charmants,
Semblent nager, heureux, au sein des firmaments,
Développant leur grâce errante aux soirs de flamme ;
Ils font rêver mon cœur et palpiter mes yeux ;
Et que ne puis-je, ouvrant les ailes de mon âme,
Me bercer à jamais dans la mer et les cieux !
Jacques Villebrune