Titre : T'aimer est le bonheur suprême.
Recueil : Les poésies et sonnets (1778)
Oui j'en atteste la nuit sombre,
Confidente de nos plaisirs,
Et qui verra toujours son ombre
Disparaître avant mes désirs ;
J'atteste l'étoile amoureuse,
Qui pour voler au rendez-vous,
Me prête sa clarté douteuse ;
Je prends à témoins ces verrous,
Qui souvent réveillaient ta mère,
Et cette parure étrangère,
Qui trompe les regards jaloux ;
Enfin, j'en jure par toi-même,
Je veux dire par tous mes dieux ;
T'aimer est le bonheur suprême ;
Il n'en est point d'autre à mes yeux.
Viens donc, ô ma belle maîtresse,
Perdre tes soupçons dans mes bras ;
Viens t'assurer de ma tendresse,
Et du pouvoir de tes appas.
Aimons, ma chère Éléonore,
Aimons au moment du réveil,
Aimons au lever de l'aurore,
Aimons au coucher du soleil,
Durant la nuit aimons encore.
Évariste de Parny