Titre : L'hiver dans nos jolis bois.
Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
C'est dans l'hiver que j'aime à voir le fin bouleau,
Les hêtres, les ormeaux bizarres, le grand chêne ;
Leurs rameaux déliés, dans la forêt prochaine,
Sont pour les yeux épris comme un exquis tableau :
L'un penche son corps blanc, pour se mirer dans l'eau,
L'autre, pour déclamer prend une pose humaine ;
L'un simule l'amour, l'autre exprime la haine,
Celui-ci les fureurs tragiques d'Othello.
On voit se profiler la majesté des arbres
Sur les fins ciels d'hiver de la pâleur des marbres,
Leurs troncs légers, leurs fûts élancés et polis ;
Et sous le baiser froid des humides Hyades,
Frissonne mollement, comme au sortir des lits,
Le corps souple et nu des belles Hamadryades.
Jacques Villebrune