Titre : Ta lèvre où le sourire abonde.
Recueil : Les élégies, sonnets et chansons (1853)
Dis-moi, sais-tu pourquoi, ma tendre bien-aimée,
Sous les baisers du vent, la fleur s'ouvre embaumée,
Aux premiers feux du jour ?
Pourquoi, sur le vieux mur, au front de la tourelle,
L'hirondelle aux doux cris, jase avec l'hirondelle :
C'est l'amour ! ... c'est l'amour !
Pourquoi le papillon à l'aile diaprée,
Poursuit, en voletant, sa compagne adorée
Sur les fleurs d'alentour ?
Pourquoi le rossignol, barde de la vallée,
Lance aux échos ravis sa roulade perlée :
C'est l'amour ! ... c'est l'amour !
Pourquoi, lorsque je vois ta chevelure blonde,
Ta lèvre de corail, où le sourire abonde,
Soudain et sans retour,
Oubliant et la terre et ses biens qu'on envie,
Pour y mettre un baiser, je donnerais ma vie :
C'est l'amour ! ... c’est l'amour !
Jules Guillemin