Un cœur trop bien gardé, de Victor Cherbuliez.

Titre : Un cœur trop bien gardé.

Recueil : La bête (1887)
Je connais ici-bas un paradis caché
Dont un ange a la garde et qu’un mur emprisonne.
En rêve un pèlerin l'avait longtemps cherché ;
Mais il lut sur la porte : Il n'entre ici personne.

Au mur, à l'ange, au vent, il contait ses douleurs :
« Ouvre-toi, porte sourde et qu'en vain je supplie !
Ô doux jardin fermé, qui cueillera vos fleurs ?
Ô fontaine scellée, où boira ma folie ? »

L'ange avait des pitiés de femme. Il s'attendrit,
Et le pèlerin vit sa peine consolée.
À son désir enfin le doux jardin s'ouvrit,
Et sa folie a bu dans la source scellée.

Victor Cherbuliez
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