Titre : La femme, la mère, la maman.
Recueil : Les poésies et sonnets (1876)
Oh ! respectons la femme : elle nous a fait naître.
Pour l'aimer à son prix, il faut la bien connaître :
Fleur printanière, elle a pour parfum la bonté.
Sans parfum il faudrait la respecter encore,
Car la femme a ce qui plaît et ce qui la décore,
Ce double don du ciel : la grâce et la beauté !
Dans les jours de malheur, c'est elle qui relève,
C'est elle qui console ; après un mauvais rêve,
Elle est le doux réveil qui vient nous secourir.
Quand on souffre, abattu par le mal ou par l'âge,
C'est elle qui guérit, ou, du moins, qui soulage...
Car il est des douleurs dont on ne peut guérir !
Souvent seule ici-bas elle sait nous comprendre,
Seule elle nous soutient, compatissante et tendre :
En partageant les maux, on peut les soulager.
Ainsi qu'elle prend part à toutes nos souffrances,
Elle partage aussi nos douces espérances ;
Et c'est doubler l'espoir que de le partager.
La femme, c'est l'avis d'une voix innocente,
L'inépuisable don d'une main bienfaisante,
L'amour tranquille et pur, le calme du foyer,
Le centre bienveillant des paisibles pensées,
Le confident des maux et des peines passées,
L'ami discret à qui l'on peut tout confier.
Son cœur s'ouvre toujours à l'amant infidèle
Qui se repent ; sans crainte il peut aller vers elle :
Il est sûr d'y trouver la paix et le pardon.
Dans les cruels moments où l'on maudit la vie,
Auprès d'elle on est bien, auprès d'elle on oublie,
Auprès d'elle on est brave, auprès d'elle on est bon.
L'homme construit, détruit, reconstruit, ensemence
Et moissonne sans cesse ; il lutte, il crée, il pense ;
Son esprit inquiet s'agite nuit et jour.
La femme aime ; puissante et noble créatrice,
C'est elle qui soutient nos efforts dans la lice :
Car ce qui fait la force, ici-bas, c'est l'amour.
Quand le génie à bas dans le repos sommeille,
C'est la femme qui l'excite, elle qui le réveille ;
Et, loin de le tenir servile à ses genoux,
C'est elle qui le pousse, et, lui rendant ses ailes,
Le fait monter, superbe, aux sphères éternelles,
D'où, lumineux et grand, il va planer sur nous !
Henri-Charles Read (1857-1876)